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618. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Je me figurais au milieu d’une foule turbulente, grossièrement ambitieuse, et moi, au milieu, simple et timide ; et il fallait se mêler à cette tourbe. […] Cette vie me serait bien douce si de pénibles souvenirs, des inquiétudes trop bien fondées, et surtout un terrible isolement n’y mêlaient encore bien des peines. […] Que si, par un retour qui n’est pas sans exemple, une telle manière devient influente, c’est bon ; on viendra à moi, mais je ne me mêlerai pas à ces tourbes.

619. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Dans un autre poème (Garin le Loherain), la femme du roi Pépin voulant se mêler de lui donner un conseil politique, le roi lui assène un coup en plein visage, et, comme sa main est gantée de fer, la pauvre reine s’en va, toute saignante, méditer ce rappel au silence et à la modestie. […] Les grandes dames n’ont pas scrupule à fraterniser avec les courtisanes ; il y a déjà un demi-monde qui confine et se mêle à l’autre. […] D’un côté l’éducation répressive, à l’ancienne mode : une jeune fille élevée dans l’isolement et comme cloîtrée depuis son enfance ; sevrée des plaisirs du monde et même de rubans ; habituée à n’avoir rien à elle, surtout une volonté ; maintenue dans l’innocence à force d’ignorance, munie pour toute règle de conduite de préceptes sur la façon de se bien tenir et de faire gracieusement la révérence, préceptes mondains auxquels se mêlent quelques pieuses leçons sur la nécessité d’obéir à ceux qui ont reçu du ciel le droit de commander.

620. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Il se précipite dans la mêlée ; mais le malheur est que, chaque fois qu’il écrase un cavalier, le cheval est du même coup broyé, comme le papillon qu’un enfant saisit et serre dans sa main maladroitement meurtrière. […] Si bien qu’on peut résumer ainsi la conduite de cette élite sociale qui seule importe aux écrivains d’alors : brèves victoires de la passion sur le devoir ; mais victoires mêlées de tremblement, de remords et suivies d’une pénitence finale. […] On a repris pour les appliquer au livre ces paroles de l’Evangile : Vous connaîtrez l’arbre à ses fruits. — Le malheur est que les fruits du même arbre peuvent être singulièrement mêlés ; qu’il peut y en avoir côte à côte d’exquis et de pourris.

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