Les chroniqueurs et les historiens, jusqu’au commencement de ce siècle, jugeant les faits à première vue et les expliquant par une doctrine superficielle mais relativement juste, en étaient venus à concentrer tout l’intérêt et le mérite de chaque entreprise dans les individus, rois, ministres, généraux dont le nom lui était resté attaché. […] Puis, ce point de vue s’est étendu si bien que l’on a négligé de parti pris la part cependant visible des grands hommes dans les grands actes publics et que le mérite de l’accomplissement de ceux-ci a été attribué aux foules humaines qui les ont exécutés, forcées souvent, ignorantes toujours. […] Ici encore, ou constante et marquée pour les coadjuteurs principaux, ou momentanée, vague, imperceptible même, en dehors du moment précis de l’exécution, pour les subordonnés intimes, c’est la similitude des âmes entre le chef et la masse qui fait la possibilité et qui répartit le mérite d’une grande œuvre accomplie. […] En art, il n’est pas de critérium qui permette de décider entre le mérite d’œuvres également intenses d’émotions, également parfaites d’expression : mais il en est un pour le législateur et pour l’anthropologiste.
Il y a tel genre de littérature et tel genre de peinture où la couleur fait le principal mérite. […] Que le principal mérite de Le Prince est de bien habiller, on ne peut lui refuser cet éloge, il n’y a pas un de ses tableaux où il n’y ait une ou deux figures bien habillées ; mais il colorie mal, ses tons sont bis, couleur de pain d’épice et de brique. […] Même mérite et même défaut à la fille qui remet une lettre à la vieille, et à son pendant. Si cet artiste n’eût pas pris ses sujets dans des mœurs et des coutumes dont la manière de se vêtir, les habillemens ont une noblesse que les autres n’ont pas, et sont aussi pittoresques que les nôtres sont gothiques et plats, son mérite s’évanouirait.
Elle a été attaquée et défendue, mais le bilan, discuté et justifié, de ses mérites et de ses fautes, n’a pas été fait. […] Au lieu de cette œuvre généreuse et fière de vérité et de justice qu’une plume monarchique et catholique pouvait seule nous donner, nous avons un ouvrage qui a moins de grandeur, moins de sévérité et moins de portée, mais qui mérite cependant que la Critique s’y arrête, car il a été écrit dans un but évidemment plus élevé que la plupart des livres de ce triste temps. […] III Car voilà le mérite de M. […] Nettement mérite bien, du reste, le succès qu’on lui manigance.