J’ai donné à mes enfants une mère qui a mis du courage dans leur sein… Mes derniers instants approchent.
On croit voir des portraits de famille dans certaines figures du tableau, telles, par exemple, que la transparente sœur madame Baptistine et la vieille madame Magloire, sœur volontaire aussi plutôt que servante de la maison épiscopale ; on croit deviner que le poète, comme le peintre Rubens, mettant partout sa femme ou sa sœur dans ses tableaux, s’est souvenu de son heureuse enfance de la rue du Colombier, et a retracé le profil de sa mère ou la face réjouie de quelque bonne tante auxiliaire de sa mère, dans les figures de ces deux saintes femmes de l’Évangile, domestiques du saint évêque de Digne. […] Louis XVII, pauvre enfant d’un père tombé du trône, d’un père et d’une mère égorgés en cérémonie par tout un peuple, Louis XVII comparé au frère de Cartouche, innocent, supplicié en place de Grève !
Mme de Staël a auprès d’elle tous ses enfants, mais l’aîné est sur le point de partir pour l’Amérique ; il va reconnaître les terres qu’ils y possèdent et prendre des arrangements pour le voyage de sa mère elle-même, car celle-ci veut dans une année chercher la paix et la liberté au-delà de l’Atlantique. […] Sa mère, qui vivait encore, la duchesse de Berwick, sa sœur aînée, y eurent les principales parts. […] Le cou était un peu gros, et les contours de sa stature annonçaient une femme qui eût été mère si la politique n’avait pas faussé sa riche nature.