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496. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

L’historien vous parle une langue si rapide, si forte, si poignante, qu’il vous enlève, vous tire à lui, vous force de penser avec lui en cette langue qui lui est propre, et, fût-on un latiniste assez vulgaire, pourvu qu’on comprenne, se fait comprendre face à face, sans trucheman, sans aucune de ces traductions sous-entendues que Cicéron en ses longs développements laisse à son lecteur tout le temps de faire. […] Il a ménagé avec un soin infini les liaisons les plus légères, les transitions les plus délicates, et a presque effacé par son industrieuse élégance la marque de ses longs et laborieux efforts.

497. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Le général avait donné  l’ordre qu’on veillât à leur sûreté, et il fut obéi ;  mais comme ces citoyens avaient peu d’importance aux yeux des soldats, de longs éclate de rire, partaient de tous les rangs, lorsque, se préparant à recevoir les mameluks, les généraux de division criaient avec le laconisme militaire : — Placez les ânes et les savants au milieu du carré […] Lorsqu’il en est venu à la défaite des mameluks, sir Walter Scott la caractérise en disant que « la bataille ressemble alors, à quelques égards, à  celle qui, environ vingt ans après, fut livrée à Waterloo. » Le rapprochement, comme on voit, exige un long effort de mémoire, et trahit encore plus de maladresse que de malveillance.

498. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Cet héritage de la tradition n’a pas seulement enrichi les croyants et les dociles ; tous y ont participé, et pendant un long temps ceux mêmes qui se sont le plus écartés de l’unité de foi n’ont jamais renié les principes essentiels de la philosophie chrétienne. […] Et cependant pourquoi ce long silence ?

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