Par lui, les grandes phases de l’histoire des nations, les monuments de leurs lois, la série des législateurs et des philosophes, tout ce que le travail continu des siècles a apporté d’indestructibles matériaux à l’édifice du nôtre ; par lui, tout ce fortifiant spectacle n’a cessé de se dérouler aux regards des jeunes intelligences que la vue seule du présent pouvait décourager ou irriter outre mesure : leur devancier à peine de dix ans, l’ardent professeur les a constamment échauffées pour la science et pour l’avenir. […] Le but est marqué ; l’égalité, loi de la société future, est acquise ; on s’essaie encore, et l’on hésite autour du problème de l’association.
Ne montrez jamais l’homme absolu qui commande ; ne montrez jamais que la loi qui vous commande à vous-mêmes. « Ce n’étoit point Catinat, ce n’étoit point Fénélon * qui punissoient le Militaire ou l’Ecclésiastique qui avoient manqué, c’étoient les Loix écrites ; & Catinat & Fénélon n’aggraverent jamais la peine que ces Loix pouvoient imposer, par des propos durs qui révoltent & qui sont une punition inutile, & souvent plus cruelle encore que celles que la Loi fait subir.
Les lois fondamentales changent, le droit a ses époques ; plaisante justice qu’une rivière ou une montagne borne ; vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Certes, le penseur le plus hardi de ce siècle, l’écrivain le plus déterminé à généraliser les idées pour bouleverser le monde, n’a rien dit d’aussi fort contre la justice des gouvernements et les préjugés des nations. […] Ce n’était pas par défaut de génie, sans doute, que ce Pascal, qui, comme nous l’avons montré, connaissait si bien le vice des lois dans le sens absolu, disait dans le sens relatif : « Que l’on a bien fait de distinguer les hommes par les qualités extérieures !