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692. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Chronologiquement, il est le premier de ces Novateurs, ou plutôt de ces Rénovateurs littéraires, dont nous sommes plus ou moins les fils. […] Le Romantisme, l’échevelé Romantisme commence dans l’histoire littéraire par des accents d’une douceur, d’une retenue, d’une pureté infinies, en cela ressemblant à ces Grecs, ses ennemis, qui commençaient la bataille par un air de flûte. […] Il eut une autre gloire… mais il y a plus beau peut-être que notre puissance littéraire, c’est la pureté immaculée de notre première originalité.

693. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

vraiment, pour l’honneur de la Critique et l’exactitude de l’histoire littéraire qu’elle écrit chaque jour, j’ai cru que ce n’était pas là une raison suffisante de se taire et de souscrire, par son silence, à l’opinion trop émue qu’on a voulu dernièrement nous donner d’un talent qui, en lui-même, n’est pas si troublant et auquel la Mort, cette railleuse qui fait parfois les meilleurs prospectus, en a fait un qu’aucune circonstance probablement ne recommencera jamais plus. […] Henri Mürger a cela de particulier que le succès littéraire qui lui fut facile ne lui amena pas, comme c’est son usage le plus souvent, sa sœur, cette vilaine petite sœur, dont on ne peut se passer et qui s’appelle la Fortune. […] Mürger comme un livre d’observation, ayant une valeur littéraire.

694. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

… Le Normand a été attiré par la plus grande gloire littéraire normande ; car lord Byron, qui se disait Normand avec orgueil, est une gloire anglaise, — mais à travers laquelle, comme à travers la langue dans laquelle il écrivit, se reconnaît l’identité de race, de cette forte race, de poésie profonde, qui va de Rollon à Corneille. […] Il en a relevé les erreurs, qui sont des sottises quand ce ne sont pas des mensonges, — et des mensonges dictés par la jalousie littéraire, la plus basse et la plus détestable des jalousies ! […] Les esprits médiocres et ignorants qui sont de tous les siècles et qui ne lisent que quand tout le monde lit, le servum pecus des âmes basses et des sots qui est le public, avaient pris pour Évangile littéraire le Commentaire de Voltaire et s’étaient taillé un petit Corneille de rhétorique dans le grand.

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