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493. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Je l’ai lu : c’est un ouvrage merveilleux, un chef-d’œuvre d’esprit, beau comme Virgile, et voilà notre langue en possession du poëme épique comme des autres poésies. […] Il put lire les premiers recueils publiés des Lettres de Mme de Sévigné, et il en a parlé à ravir : « Voilà, écrit-il au président Bouhier (31 janvier 1726), voilà donc une lettre de vous, monsieur, et de votre main ; j’en suis ravi et vous en remercie. […] Marais vaincu écrivait (21 janvier 1728) : « Je viens de lire l’Éloge de M.  […] Fleury avait fini par où il aurait dû commencer : il avait lu ces Lettres persanes tant incriminées, et il avait souri. […] Et pourtant rien qu’à lire les Lettres persanes, il y avait déjà dedans bien des choses.

494. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Après quoi le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, livré à lui-même et altéré de savoir, lut,  travailla sans relâche, et se forma seul. […] Pièces de théâtre, romans, histoire, voyages, philosophie et sciences, tout y passait, tout l’intéressait ; mais il goûtait les Essais de Morale de Nicole plus que le reste ; à dix ans, il avait lu Jean-Jacques, mais sans trop en rien conclure contre la religion. […] Dans le temps qu’il demeurait à Saint-Malo, chez sa sœur, il lisait beaucoup toutes sortes de livres, des romans en quantité, et puis on en causait comme en un bureau d’esprit avec passion ; il y mêlait une gaieté très-active. […] Il écrivait à un ami, au sujet d’un des premiers mensonges de la Restauration : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne sur la liberté de la presse ; cela passe tout ce qu’on a jamais vu. […] Pendant que lisait l’auteur, bien souvent distrait des paroles, n’écoutant que sa voix, occupé à son accent insolite et à sa face qui s’éclairait du dedans, j’ai subi sur l’intimité de son être des révélations d’âme à âme qui m’ont fait voir clair en une bien pure essence.

495. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

A dix-neuf ans, il fit une maladie causée par ses lectures excessives ; il lisait tout ce qui lui tombait sous la main, mais relisait Plutarque et Montaigne de préférence. […] Plus loin, il exprime son grand plaisir de lire le Comte de Gabalis, quoique, au reste, plusieurs endroits profanes fassent beaucoup de peine aux consciences tendres. […] Bayle a-t-il été l’amant de madame Jurieu, comme l’ont dit les malins, et comme on le peut lire page 334, t. 1er des Nouveaux Mémoires d’Histoire, de Critique et de Littérature, par l’abbé d’Arligny ? […] Sur le caractère de Bayle, on peut lire quelques pages agréables de D’Israeli Curiosities of Literature, t.  […] On ne sera pas fâché de lire ici l’opinion de La Fontaine sur Bayle ; elle est digne de tous deux.

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