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561. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Zola est en veine de causerie, et il continue à nous parler de son travail, de la ponte quotidienne des cent lignes, qu’il s’arrache tous les jours, de son cénobitisme, de sa vie d’intérieur, qui n’a de distractions, le soir, que quelques parties de dominos avec sa femme, ou la visite de compatriotes. […] Il nous fait entrer dans un vestibule, orné de statues de grands hommes, ayant l’air très ennuyé de leur représentation en un marbre trop académique, disparaît un moment, et puis reparaît, et gourmande durement la princesse — qu’il feint de ne pas reconnaître — pour avoir dépassé une certaine ligne du pavé. […] Le soleil, qui s’est décidé à luire, éclaire des visages où toutes les lignes remontent en l’air, en ces courbes, par lesquelles on représente dans les têtes d’expression, la béatitude. […] L’exorde est tout plein de jolies gamineries, d’amusantes pasquinades, d’aimables traits d’esprit, puis vient le morceau sérieux, le morceau historique, où le récipiendaire déclare, grâce à sa faculté de lire entre les lignes de l’imprimé, avoir fait la découverte que Richelieu n’a jamais été jaloux des vers de Corneille, qu’il lui en a seulement voulu un moment, pour avoir retardé, avec sa création du Cid, l’unité française. […] Et longtemps, il nous décrit le pays avec une mémoire qui a le souvenir du jour, du vent, du nuage : une mémoire locale inouïe, mettant avec la couleur de sa parole, sous nos yeux, les tournants du Nil, les aspects des pylônes, les silhouettes des petits villages, les lignes cahotées de la chaîne Libyque — comme s’il nous en montrait les esquisses.

562. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Au-dessus, au-delà des terres cultivées, des maisons commençaient à sortir des ténèbres, découpant la ligne nette d’un toit, la crête en biseau d’un mur, le prolongement d’un corps de bâtiment. […] Qu’on me permette et qu’on m’excuse de citer quelques lignes qui pourront donner idée des autres, de celles que je n’ose même pas me rappeler. […] Voilà les grandes lignes de ce livre, qu’il est impossible de quitter quand on l’a commencé et dont le succès sera long. […] La petite sauterelle du Désert s’était développée tout à coup au grand air de là-bas ; sous ses vêtements libres, elle avait pris la splendeur de lignes des statues grecques, elle s’était épanouie en femme faite et admirable. […] Voir quelques lignes de la préface de M. de Saint-Victor qui expliqueront mieux que nous ne pourrions le faire le plan et la marche de l’ouvrage.

563. (1924) Critiques et romanciers

C’est difficile de supprimer toute incertitude à chaque instant, de n’aimer rien dans un livre ou de l’aimer de la première ligne à la dernière. […] Les lignes que je viens de citer sont de 1859. […] … Puis, l’habileté de Banville, on a grand tort si l’on ne voit qu’elle et si l’on n’accepte aucunement ces lignes de Mallarmé que cite avec raison M.  […] Or, lisons ces lignes de lui : « Je l’écris avec une infinie tristesse, obligé que je suis d’accepter un fait qui, hélas ! […] Deux ans plus tôt, le Trèfle noir offrait déjà quelques-unes des lignes que je viens de citer.

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