Ce Normand avisé, qui laissa son ami La Fare s’abrutir en suivant à la lettre leurs communes maximes, et s’arrêta, dans l’usage de la paresse et du plaisir, au juste point où ni sa santé ni son intelligence ni ses intérêts n’étaient compromis, était une robuste nature ; il n’y a rien de mièvre ni d’épuisé dans ses vers. […] Après la disgrâce de Fouquet, il écrit l’Élégie aux nymphes de Vaux ; et il accompagne Janmart exilé à Limoges ; il a raconté son voyage dans des lettres à sa femme. […] Cf. une lettre à sa femme du 30 août 1663. […] Bussy, Lettre du 4 mai 1686 ; Sévigné, Lettre du 14 mai 1686. […] Exploitant ces illustres amitiés, il se fit 30 000 livres de rente en bénéfices. — Éditions : Poésies, Lyon, 1724, in-8 ; 1750, 2 vol. in-12, 1774, 2 vol. in-8 ; Lettres, dans le recueil des Oeuvres de Mme de Staal ; Lettres inédites, publ. par le marquis de Béranger, Paris, 1850.
De plus, quoi qu’il en dise çà et là dans ses lettres à sa cour et dans ses lettres familières, il était loin d’être insensible aux rangs, aux titres, aux décorations, aux faveurs de cour. […] Écoutez M. de Maistre dans ses lettres à Madame de Pont, émigrée désespérée à Vienne. […] Ses lettres suivent pas à pas les événements et les commentent à sa manière. […] Il est facile de le conjecturer quand on a lu ses lettres familières et les lettres officielles plus récentes destinées à excuser sa démarche auprès de la cour de Sardaigne ; et enfin par quel intermédiaire ? […] Il déclamait à voix basse contre l’Autriche, en effet, dans ses lettres confidentielles à la cour sarde ; mais que reprochait-il à l’Autriche ?
Il tient de ce goût antérieur et un peu compassé de Pélisson, de Mlle de Scudéry ; il en a donné une preuve singulière dans la Lettre de Clément Marot, qui est censée à lui écrite et adressée des champs Élysées, à la date du 20 avril 1687. […] Ce voyage figure en abrégé l’histoire des lettres depuis la Renaissance. […] Et ces dernières gentillesses, avec les explications qui s’y rattachent, ne sont plus, sachez-le bien, dans la bouche de Virgile ; cette fois c’est Catulle qui est censé expliquer tout cela à Clément Marot, lequel à son tour l’insère dans sa lettre à Sénecé. […] Il jugeait mieux d’ailleurs et était plus compétent en ce qui était des pures belles lettres, et surtout du domaine du bel esprit. On a des lettres de lui dans sa vieillesse, adressées à l’un de ses cousins Salornay, où il parle très pertinemment de Balzac, de Voiture, de Boursault.