Rocher, de la Côte-Saint-André, que j’avais connu dans mes courses en Dauphiné ; il débutait à Paris dans la magistrature et dans les lettres ; il devint plus tard sous-secrétaire d’État du ministère de la justice, sous la République. […] M. de Genoude y fit connaissance de M. de Chateaubriand, de M. de Lamennais et de la plupart des hommes de lettres de l’époque appartenant alors au parti religieux et royaliste, auquel sa mère lui avait recommandé d’être fidèle ; il semblait se destiner à la prêtrise. […] — Oui, lui dis-je, et si vous me chargez de lui demander quelque chose qui puisse favoriser votre mariage, je suis certain qu’il se fera un plaisir de vous l’obtenir, si cela lui est possible. — Eh bien, reprit-il, je regarderais mon mariage comme assuré, s’il pouvait me faire obtenir du roi des lettres de noblesse. […] Genoude reçut le soir même la lettre qui le faisait noble, et le mariage n’éprouva plus d’obstacle de ce côté. […] Au premier mot d’un service à rendre au fils de M. de Genoude, il fut à ma disposition ; il écrivit et me remit une lettre pressante pour ce jeune homme à M. de Lévis, ministre des bienfaits du prince.
Boileau, pour qui c’était une affaire de raison plutôt que de sentiment, tourne tout son chagrin en plaisanteries piquantes contre l’adversaire des anciens, et l’accable sous les excellentes Réflexions sur Longin, les Petites Lettre. […] Écoutez seulement leurs préceptes divins ; Soyez-leur attentif, même aux choses légères ; Bien chez eux n’est léger… J’ai cru rendre service aux lettres latines et françaises en réimprimant cette traduction de Sénèque dans la Collection des auteurs latins traduits en français. […] Les fautes lui paraissent le prix dont il est bien juste de payer les beautés si diverses et si charmantes des lettres. […] Lettre à M. de Bonrepaux, lecteur du roi. […] Premier titre des Lettres provinciales.
Non seulement on n’a jamais recueilli en corps ses œuvres politiques, ses rares discours ; mais ses lettres, ses papiers, ses études particulières et silencieuses qu’il accumulait depuis tant d’années, et qu’il continua plus longtemps qu’on ne le suppose, rien de tout cela n’est sorti, et pourtant tout cela existe : nous le savions ; mais quand on nous a dit que ce précieux dépôt de famille était confié à M. […] Il l’a fait avec une entière générosité, et j’ai pu passer plusieurs matinées, seul et entouré de notes manuscrites, d’essais philosophiques, de projets de constitutions, et surtout de lettres intimes, de confidences familières, de celles que le plus confiant ne fait qu’à soi-même et que le plus méfiant n’épanche sur le papier qu’en ses heures de grande amertume. […] Il les compare à des pièces de musique qui manquent de l’unité de mélodie : « Les gens de lettres ressemblent trop à la musique sans unité. » Pour lui, dans toute cette première partie de sa vie, et quand on le surprend comme je l’ai pu faire, grâce à cette masse de témoignages de sa main, dans l’intimité de sa méditation et de son intelligence, on le reconnaît et on le salue tout d’abord (indépendamment de ses erreurs) un grand harmoniste social, un esprit qui a sincèrement le désir d’améliorer l’humanité et d’en perfectionner le régime ; qui a en lui, sinon l’amour qui tient à l’âme et aux entrailles, du moins le haut et sévère enthousiasme qui brille au front de l’artiste philosophe pour la grande architecture politique et morale. […] J’ai sous les yeux la série des lettres ou billets de Mirabeau à Sieyès, depuis le jour où il lui accuse réception et le remercie de ses deux brochures sur les Privilèges et le Tiers état (23 février 1789) : « Il y a donc un homme en France ! […] J’ai parcouru une masse de lettres de tout genre qui lui furent adressées à cette époque par tout ce que la France avait de plus distingué, et l’Allemagne y joignait aussi de ces hommages enthousiastes qu’elle n’accorde qu’à ses grands philosophes.