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194. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le lecteur est ahuri par ces singularités, et, si c’est un homme faible, il est intimidé et se dit : ça ne ressemble à rien du tout, donc c’est beau. […] Ils se débarrassent de toutes les conditions de la vie pratique, ou les effleurent à peine et se présentent devant le lecteur avec des tableaux vagues et pleins de subtilités. […] … Le lecteur, aujourd’hui, prend un livre dans ses moments d’ennui, comme il écouterait un bavard, un diseur de riens. […] Si cette idée impossible, absurde, était offerte sincèrement aux lecteurs, je crois que justice en serait faite aussitôt. […] Les lecteurs font de même, ils veulent n’aimer que ce qui peut flatter leur vanité, comme le dit Stendhal.

195. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

S’il analyse une littérature, par exemple celle de la Restauration, il institue devant le lecteur une sorte de jury pour la juger. […] Que pense le lecteur de ce dilemme et de cette double série d’inductions ? […] C’est pourquoi si l’on veut bien prouver, on doit avant tout présenter ces spécimens, insister sur eux, les rendre visibles et tangibles au lecteur autant qu’on le peut avec des mots. […] Il semble qu’il fasse une gageure contre son lecteur, et qu’il lui dise : « Soyez aussi distrait, aussi sot, aussi ignorant qu’il vous plaira. […] Ici, comme ailleurs, il est encore orateur et moraliste ; aucun moyen n’a plus de force pour intéresser un lecteur anglais.

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Mettons d’abord le lecteur au fait de tout ceci, car le nom et l’idée que j’y applique lui sont probablement choses nouvelles. […] Le biographe peut prendre de ces soucis pour son propre compte, mais il est mieux qu’il les garde pour soi, et qu’il dirige son lecteur vers quelque but, dans quelque sens déterminé. […] En un mot, il ne se met jamais à la place du lecteur. […] Ces volumes s’adressent à un petit nombre de lecteurs sans doute, mais ce petit nombre est de ceux qui n’oublient pas.

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