Il y a des Lexiques de la langue de Molière : n’en pourrait-on pas dresser un de la langue d’Hugo ? […] Et parlerons-nous du prosaïsme fréquent de son vers, de l’impropriété de sa langue, de l’obscurité de sa pensée ? […] Il n’y en pas de plus beaux dans la langue française que ceux de Leconte de Lisle. […] Je dirais d’elle ce qu’Ésope le Phrygien disait de la langue à son maître Xanthus : « Eh ! qu’y a-t-il de meilleur que la langue ?
Il existe, dans la langue française, sur l’art d’écrire et sur les principes du goût, des traités qui ne laissent rien à désirer9 ; mais il me semble que l’on n’a pas suffisamment analysé les causes morales et politiques, qui modifient l’esprit de la littérature. […] Quand on a voulu donner une idée de la vie à venir, on a dit que l’esprit de l’homme retournerait dans le sein de son Créateur ; c’était peindre quelque chose de l’émotion qu’on éprouve, lorsque après les longs égarements des passions, on entend tout à coup cette magnifique langue de la vertu, de la fierté, de la pitié, et qu’on trouve encore que son âme entière y est sensible. […] Celui qui voudrait énoncer une vérité nouvelle et hardie, écrirait de préférence dans la langue qui rend exactement et précisément la pensée ; il chercherait plutôt à convaincre par le raisonnement qu’à entraîner par l’imagination. […] Que deviendrai-t-on dans un monde où l’on n’entendrait jamais parler la langue des sentiments bons et généreux ? […] Il n’y a point de langue assez riche pour fournir autant de termes, de tours et de phrases que nos idées peuvent avoir de modifications.
Baif, [Jean-Antoine de] Secrétaire de la Chambre du Roi, mort en 1592, âgé de 60 ans, Poëte Grec, Latin & François, plus supportable dans les deux premieres langues que dans la sienne. On a fort bien fait de donner aux Poésies qu’il a composées dans notre langue, le titre d’Œuvres en rime de Baïf.