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1309. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

On lui raconte beaucoup de fables absurdes, à Memphis, sur l’origine et la langue la plus antique du genre humain. « C’est ce qui m’a été rapporté, dit-il, par les prêtres de Vulcain, à Memphis. » « Les Grecs racontent sur le même sujet beaucoup d’absurdités ; entre autres, que Psamméticus avait donné les enfants à nourrir à des femmes auxquelles il avait fait couper la langue. […] Puis elles apprirent la langue de la Grèce, et fondèrent la langue ambiguë des oracles. […] Il écrivit après les Indes, après la Chine, dont il ne connaissait pas même le nom ; après Homère, prodige insondable d’histoire, de poésie, de philosophie et de langue pour la Grèce ; après la Sicile et la Grande Grèce italique, où Pythagore avait enseigné ; tout cela était vieux, lui seul était jeune.

1310. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Pour cela, il leur a prêté une langue qu’il a en partie inventée ; et c’est peut être là le mérite le plus rare de sa pièce. L’origine de cette langue, c’est l’argot du boulevard, des cercles et aussi de beaucoup de salons, cet argot recueilli, il y a quinze ans, par Gyp, l’étonnante rénovatrice du genre « Vie parisienne ». […] Que, dans un moment de détresse sentimentale, les chevaux noirs et les cuivres imposants des Folies-Bergère l’aient fait songer à la mort ; que, dans une autre heure mélancolique, la symétrie des deux flagrants délits lui ait paru vaguement providentielle et l’ait rendu vaguement spiritualiste… c’est saugrenu, mais plausible ; nous connaissons cela ; c’est, après tout, d’impressions analogues que sont sorties les Nuits et l’Espoir en Dieu ; et il y a donc, dans Paul Costard, un Musset qui s’ignore ; un Musset « loufoque », pour parler sa langue. […] Mais Manon parlait une langue décente et jolie ; Marguerite ne redoutait pas l’élégance du style, une élégance aujourd’hui un peu surannée ; et Sapho s’exprimait, en général, comme une fille intelligente qui s’est frottée à des écrivains et à des artistes. […] Car cet écrivain d’une violence si folle est un écrivain très pur, et dont l’outrance est respectueuse du génie de la langue et des règles de la rhétorique.

1311. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

quelle langue ! […] Je reçois encore aujourd’hui des lettres d’injures, parce que j’ai osé faire un parallèle entre Timon d’Athènes et Le Misanthrope. » De Molière la causerie saute à tout ce xviie  siècle, si ennuyeux, si antipathique, d’une si mauvaise langue, entre la langue grasse du xvie  siècle et la langue claire du xviiie . […] Une femme à l’amabilité comme son sourire, le plus doux sourire du monde, — le sourire gras des jolies bouches italiennes, — et une femme ayant ce charme : le naturel, et vous mettant à l’aise avec une langue familière, la vivacité de tout ce qui lui passe par la tête, une adorable bonne enfance.

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