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903. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Émile Richebourg ou Alexis Bouvier, ont répandu à profusion ces longs récits d’aventures presque fantastiques qu’ils écrivent à la hâte pour les journaux à bon marché, et dans un langage qui n’est pas du français ; leur manière, peu relevée en soi, contient pourtant des éléments d’attraction qui ne pouvaient pas échouer auprès de certains lecteurs. […] L’un appuiera son système de la suprématie de la rime sur une assimilation entre le langage et les couleurs, et il fondera sa théorie du comique sur des effets tirés des lois de l’harmonie18. […] Et pourtant… L’homme qui disait cela n’est-il pas le même qui s’est inquiété de certaines modulations du langage, insaisissables à toute autre oreille que la sienne, jusqu’à combiner une page de style huit jours entiers 21 pour détruire une assonance ? […] Tandis que chez les auteurs précités, le débat ne roule que sur cette question de savoir jusqu’à quel degré l’individualité de l’homme a pénétré dans les ouvrages de l’écrivain, mais sans que jamais on nie ou qu’on mette seulement en discussion cette individualité elle-même, ce que nous refusons ici à MM. de Goncourt, c’est le caractère spécial, la forme particulière de l’esprit, cet ensemble de qualités ou de défauts par lesquels, selon le langage didactique, chacun de nous est et n’est pas un autre. […] Tel que nous le connaissons, il fut d’ailleurs prodigieux par la pensée, prodigieux aussi par la forme impeccable du langage.

904. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Ses épigrammes ont une grande brutalité de sentiment et de langage ; il est cynique, et, pour parler comme Fénelon qui appelle simplement la chose par son nom, il est obscène. […] Leconte de Liste abrège ce vif et caractéristique langage, et, lui enlevant avec soin son cachet original, il le scande de sa déclamation lente et de son éternelle solennité. […] Max Millier va plus loin que le docteur Pancrace ; il n’hésite pas à affirmer l’identité de la pensée et du langage : « Le langage et la pensée ne se peuvent séparer. […] Pour écrire encore, il faut du temps, de la lenteur, du soin, et leur langage naturel est l’improvisation. […] Or, par un déplorable abus de langage, être bête, c’est la même chose qu’être bon, non seulement en français, mais dans toutes les langues civilisées.

905. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Deux représentations contradictoires arrivant au contact, la première est altérée par la seconde, et cette altération constitue ce qu’en langage ordinaire nous appelons une négation partielle. […] En effet, je ne puis pas me représenter à la fois comme tranquille, couché, entendant de petits bruits vagues, et comme surpris, sursautant, assourdi par un violent tapage ; la première représentation est incompatible avec la seconde ; en langage ordinaire, elle la nie.

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