Les inflexions de la ligne des monts sur le bleu du ciel, les plis et les contreplis du sol, les profondeurs des ravines, les saillies des caps, les lits des torrents ; les plateaux arides, où la terre éboulée laisse percer le sable rouge ; les maisonnettes ensevelies sous les feuilles de leurs vergers séculaires ; les arbres penchés avec leurs grands bras en avant sur les abîmes, comme pour se parer contre leur chute : tous ces horizons variés, dont chaque nuage ou chaque rayon qui traverse le firmament diversifie l’aspect et la couleur, et semble faire onduler le paysage comme une peinture mobile, ne laissent pas un regard indifférent ou uniforme dans les yeux. […] Pays de Shylocks, qui laisse vendre la chair de l’homme, que les malédictions de ceux qui aiment la nature animée retombent à jamais sur toi ! […] Les poésies de Laprade seront recueillies dans les familles honnêtes des champs, sur ces tablettes de la chambre à coucher auxquelles on laisse atteindre sans crainte les mains des enfants de la maison, et qui portent les livres de piété qu’on feuillette le dimanche en allant au temple. […] Il en reste une amertume sur les lèvres, au lieu de cet arrière-goût délicieux que les chants des poètes doivent laisser sur la bouche et dans le cœur des hommes. […] Passez, tribuns d’hier, orateurs des banquets ; Passez, la bouche close, en habits de laquais ; Passez, nobles de race, admis à la curée, Par amour du galon prêts à toute livrée ; Prétoriens, bourgeois à barbe de sapeur, Qui sauvez votre caisse et gardez votre peur ; Passez, tous les forfaits et tous les ridicules… Vous n’esquiverez pas le glaive ou les férules ; Je vous laisse en pâture au lion irrité.
Ils y verront par quelles séries d’événements et de dégoût de la monarchie d’Orléans et du gouvernement à suffrage restreint dit parlementaire, je fus induit à composer cette Histoire des Girondins si violemment et souvent si injustement accusée, et dans quel esprit je la juge, je la justifie ou je la condamne aujourd’hui où l’âge qui apaise tout et où la mort qui n’a plus d’ambition sur la terre laissent parler la conscience de l’écrivain et de l’homme politique, comme la postérité parlera de lui si elle daigne en parler, car nos œuvres et nos livres meurent souvent avant nous. […] Pourvu que ce gouvernement du suffrage universel émane de tous les citoyens capables, et ne laisse à aucune classe l’oppression des castes sur les âmes, pourvu que ce gouvernement soit l’expression de la justice, qu’importe sa forme, si cette forme est opportune et si elle répond aux besoins de conservation ou de progrès dans la nation ? […] Paris et Rome se ressemblent ; les temps répètent les temps, et la France, pour avoir laissé ses efforts vers la réforme du monde politique dégénérer en convulsions démagogiques, ne se retrouve plus de force pour faire de sa liberté, modérée par la règle, un gouvernement. […] J’étais né pathétique ; je n’avais qu’à me laisser aller à ma nature. […] Elle m’accorda un libre accès dans sa retraite et me laissa feuilleter à mon aise, et page par page, sa mémoire présente, intarissable et passionnée sur tous les détails intérieurs ou extérieurs de la vie privée et de la vie publique de Robespierre.
non, il ne sera pas dit que nous aurons laissé coucher dehors, un jour de fête pour la maison, un pauvre musicien qui a réjoui toute la journée ces murailles ! […] On dit qu’elle avait servi, dans les anciens temps, à murer, dans ce dernier étage de la tour, un prisonnier d’État qu’on avait voulu laisser mourir à petit bruit, dans ce sépulcre au milieu des airs, et que les gonds et les verrous de la porte avaient retenu le bruit de ses hurlements. […] CLXVII Je vous laisse à penser, mon père, si je jouai bien cette nuit-là l’air de Fior d’Aliza et d’Hyeronimo (car c’était ainsi que nous avions baptisé cette musique). […] c’est dit, s’écria-t-elle en battant ses mains l’une contre l’autre, comme quelqu’un qui est content ; descends avec moi dans le guichet où mon mari t’attend pour t’enseigner le métier, et laisse-là ton bâton, ton manteau de peau et ta zampogne dans ta chambre ; il te faut un autre costume et d’autres airs maintenant. […] — Sauve-toi, en te courbant sous les myrtes, lui dit sa courageuse compagne, et laisse-moi dépister ceux qui montent à ta poursuite ; une fille n’a pas à craindre d’être prise pour un brigand.