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994. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il veut à toute force m’enlever le peu de mérite que les Trois Siecles supposent, & ne me laisser que les haines qu’ils m’ont attirées. […] Il est inutile de rendre compte des circonstances qui l'ont démasqué aux yeux de celui qui s'est laissé surprendre par des artifices. […] L'Auteur y parle d'avance le langage de la Postérité ; car il ne faut pas croire que la Postérité se laisse subjuguer par les hommages que le Siecle présent a rendus & rend encore à l'Auteur de la Pucelle. […] Je vous laisse à penser si ces Intelligences, qui la regardoient comme une prosélite, se parerent de tout leur éclat ! […] Cette nouvelle Edition, prétendue de ma façon, n’a pas laissé de paroître en trois petits volumes in-12.

995. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Mais Nodier mourut avant d’avoir laissé échapper les pages riantes, et nous voilà en demeure, nous poëte autrefois intime, critique aujourd’hui très-grave, de payer le tribut au plus joyeux et au plus bachique des chanteurs. […] Mais l’originalité de Désaugiers et sa vraie veine doivent se chercher ailleurs ; laissons là ces prétendus succès d’estime, et qu’on me parle de son Dîner de Madelon ! […] Il y eut ces gais dîners de la jeunesse de Boileau et de Racine, où faisaient assaut La Fontaine et Molière : Chapelle n’y laissait pas dormir le refrain. […] Il semblait dire à tous en entrant : « Nous n’avons qu’un instant, laissons ce qui divise, et jouissons ensemble de ce que je vous apporte. » Il avait besoin de voir tous les visages heureux autour de lui. […] Leur talent ne répondant pas à leur bonne volonté, ils fuient la scène ingrate qui ne les nourrissait pas, et laissent jusqu’à leurs vêtements pour gages. » Les Mémoires de mademoiselle Flore (chap. 

996. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Il faudrait ici avoir le génie de ces discours dont il illumine l’histoire ancienne pour le faire parler dans sa langue ; mais, sans prétendre à son nerveux et sublime langage, laissons parler seulement son rude et clair bon sens. […] Mais la Toscane, ce merveilleux phénomène de la richesse, cette royauté de l’intelligence, cette monarchie du travail à l’époque où l’industrie européenne n’était pas née, devait décroître et tomber d’elle-même aussitôt que l’industrie de la laine, de la soie, de la banque, cesserait d’être le monopole, le brevet d’invention de Florence, et que les mêmes industries, mères du même commerce et sources des mêmes richesses, s’établiraient à Lyon, à Venise, à Londres, à Birmingham, à Calcutta, et que le travail européen et asiatique ne laisserait au peuple des Médicis, de Dante, de Michel-Ange, que cette primauté du génie des arts qui fait la gloire, mais qui ne fait pas la puissance militaire et politique des nations. […] L’Europe entière sourirait comme moi à cette résurrection de la patrie de Manin ; mais alors ressuscitez donc les temps où l’islamisme de Mahomet II, qui n’avait encore envahi ni l’Asie, ni Byzance, ni la Grèce, ni l’Archipel, ni ses îles et les montagnes de l’Adriatique, laissait Venise s’emparer, jour par jour, des débris immenses de l’empire byzantin qui s’écroulait à son profit. […] Comment la France, puissance déjà entourée d’une ceinture de grandes puissances souvent hostiles, telles que l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre, la Russie ; comment la France, qui n’a de sécurité que du côté de l’Italie et de la Suisse, qui ne peut respirer tranquillement que par ce vaste espace ouvert du côté des Alpes, comment la France laisserait-elle river impunément autour d’elle cette ceinture de grandes puissances dont elle est déjà trop resserrée ? […] Les nationalités diverses de l’Italie respectées comme les vérités du sol ; Les constitutions intérieures de chacune de ces nationalités laissées au libre arbitre des divers États, et reliées seulement par une diète italique à une constitution générale de toute l’Italie ; La Sicile et Naples, unies ou séparées, fournissant à la confédération leur contingent de députés et au besoin de subsides et de troupes remis au pouvoir exécutif extérieur de la patrie italienne ; Rome, livrée à son propre arbitre, réglant sa constitution elle-même selon les besoins de son administration temporelle et les convenances de son pontificat spirituel ; aucune main armée, profane et étrangère, interposée entre les souverains et les peuples, théocratiques, monarchiques ou républicains, à leur gré ; Rome capitale des capitales d’Italie, siége de la diète italique, ou bien une capitale fédérale alternative ; Florence, souveraine d’elle-même, monarchie, duché ou république, se gouvernant selon son génie, ou dans l’activité de ses Médicis, ou par le patriotisme de ses grands citoyens, ou par la douceur de son réformateur Léopold ; Turin, rentré dans ses limites, monarchie militaire, sentinelle de l’Italie septentrionale, bouclier de la Péninsule au nord, se désarmant au midi pour ne pas opprimer ce qu’elle protége, s’interdisant ses alliances séparées et suspectes avec l’Angleterre, offrant ses généraux et ses soldats à la défense de la patrie fédérale ; La Lombardie, principauté ou république, indépendante du Piémont, se modelant pour son organisation en cantons lombards, semblable à ces cantons helvétiques dont ce pays a le sol et les mœurs ; Venise, ville hanséatique sous la double garantie de l’Allemagne et de l’Italie, reprenant sous sa république et sous ses doges non plus sa place militante et conquérante que la marine de l’Europe ne lui laisse plus, mais sa place commerciale et artistique que son génie, plus oriental qu’italien, lui assure ; ses provinces de terre ferme neutralisées comme Venise elle-même, et constituées ainsi pour la paix, laissant une zone de sécurité et d’inoffensivité inviolables entre le Tyrol et l’Italie : Sous le drapeau d’une neutralité européenne, de nouvelles guerres ne sont nullement nécessaires pour une constitution semblable de l’Italie.

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