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672. (1910) Rousseau contre Molière

Il y en a peut-être moins qu’il ne faudrait ; mais il ne laisse pas d’y en avoir. […] On regrettera toujours que Rousseau n’ait pas laissé son opinion, s’il en avait une, sur le Convive de pierre. […] On ne peut pas l’accuser de l’avoir rendu ou laissé sympathique. […] Le public a besoin de ce personnage-là pour le guider et pour le laisser sur une impression nette. […] Arnolphe, vieux relativement à Agnès, l’a laissée ignorante et idiote pour qu’elle l’aimât.

673. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Çà et là, des demi-clartés roses se posaient sur les pavés ; la rivière luisait doucement dans une brume naissante ; on apercevait de grands bateaux qui se laissaient couler au fil du courant, deux ou trois attelages sur la plage nue, une grue qui profilait son mât oblique sur l’air gris de l’orient. […] Averti par une expérience fréquente, je sais que le sommeil va venir et qu’il ne faut point déranger la vision naissante ; je m’y laisse aller ; au bout de quelques minutes, elle est complète. […] Si, comme il arrive souvent, le fantôme se meut, l’image prépondérante, à mesure qu’elle avance et couvre une autre portion du mur, efface et laisse reparaître tour à tour des fragments distincts de sensation. […] Il faut laisser de côté les mots de raison, d’intelligence, de volonté, de pouvoir personnel, et même de moi, comme on laisse de côté les mots de force vitale, de force médicatrice, d’âme végétative ; ce sont des métaphores littéraires ; elles sont tout au plus commodes à titre d’expressions abréviatives et sommaires, pour exprimer des états généraux et des effets d’ensemble. […] Nous laissons de côté l’ébranlement inconnu qui, au contact d’un objet extérieur, atteint le bout extérieur du nerf, se transmet à la moelle, arrive à la protubérance, rayonne dans les circonvolutions, persiste dans les centres nerveux, et plus tard s’y renouvelle.

674. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Cette brillante conversation est interrompue par l’arrivée de trois masques que nous avons laissés à la porte du château, et dont la présence est annoncée par un nouveau changement de mesure et de tonalité. […] Lorenzo part, il arrive à Hambourg, il traverse l’Allemagne et les Alpes ; il arrive ivre d’amour pour le ciel retrouvé de sa patrie, à Castelfranco, non loin de Venise et de Cénéda, sa ville natale ; laissons-le maintenant parler. […] « J’étais descendu de la voiture de poste à quelque distance de la maison paternelle, afin de ne pas éveiller l’attention et de ne pas laisser soupçonner l’arrivée d’un étranger dans la ville par le bruit des roues et le pas des chevaux. […] Ce petit défi de beauté rappela la bonne humeur, on demeura encore quelque temps ensemble ; à la fin, ils sortirent tous et toutes pour me laisser la liberté de m’habiller. […] Quant à nous, nous aimons mieux détacher ce plomb des ailes du musicien et nous laisser emporter par lui seul au troisième ciel.

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