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575. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il arrive même souvent que les lumières sont mélangées : auprès de l’une, qui est vraie et qui vient de Dieu, il s’en présente une autre qui vient de notre imagination et de notre amour-propre ou du tentateur, qui se transforme en ange de lumière. » Que dire de plus juste de cette corruption insensible qui fait tourner les lumières mêmes en illusions et en mouvements de vanité ? […] « Je suis, conclut-il, prévenu pour deux choses : l’une est l’exactitude de M. de Meaux, l’autre est l’innocence de M. de Cambrai147. » Cette innocence n’est contestée de personne. […] Lui montrait-on qu’il s’était contredit en soutenant deux propositions opposées et également absolues : l’une des deux, disait-il, ne devait être entendue qu’au sens relatif. […] L’une regarde les hautes vérités de la métaphysique chrétienne et de la loi morale qui en tire son autorité ; l’autre est tournée du côté de la vie habituelle et des vérités familières du sens commun. Ces deux ordres de vérités, comme deux fleuves sortis de la même source, qui se côtoient, non sans mêler quelquefois leurs eaux, se transmettent et se personnifient dans deux lignées d’écrivains toutes les deux douées admirablement, mais dont l’une semble avoir été avantagée.

576. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Madame de Montcalm était la sœur du duc de Richelieu, qui avait gouverné si sagement les années les plus ingrates de la Restauration ; grand seigneur chargé de réconcilier une dynastie et une nation qui étaient nécessaires l’une à l’autre, mais qui se regardaient avec ombrage, l’une craignant des vengeances contre la Révolution, l’autre des récidives contre les rois. […] Il voulait l’honnêteté et la liberté affermies l’une par l’autre sur les ruines de son pays dans les Bourbons régénérés par le sang de Louis XVI. […] Il n’avait que l’une des deux et ce n’était pas la meilleure. […] Il en perçait à droite et à gauche les assemblées ; sur l’une était écrit raisonnement ; sur l’autre sarcasme ; sur celle-ci grâce ; sur celle-là passion !

577. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mon imagination me la représente au milieu de nous, travaillant à quelque ouvrage destiné à l’une de ses filles, égayant nos soirées par sa conversation si piquante et si variée, tantôt racontant, avec une originalité qui lui était particulière, mille histoires plaisantes, ou qui nous le paraissaient, parce qu’elle leur prêtait un charme qu’elle seule savait donner, tantôt animant la société par une discussion sérieuse qu’elle savait de même, et selon la convenance, ou prolonger avec intérêt, ou terminer avec saillie. […] L’une de ses filles, celle qui nous occupe, développera plutôt le côté sérieux et philosophique, si je puis ainsi l’appeler ; on possède, on retrouve chaque jour chez l’autre (j’allais dire, on applaudit) l’ingénieuse et riante fertilité, le brillant d’imagination238 ; tandis que de cette veine originale primitive, de cette haute source d’excellente raillerie, il restera encore assez pour rejaillir en dons heureux et piquants sur le petit-fils dont elle chérissait et charmait l’enfance. […] Dans la première idée, ce roman ne devait probablement analyser et poursuivre que l’embarras amoureux d’un jeune Espagnol, don Alphonse d’Alovera, placé entre deux jeunes filles charmantes, mais dont il aime l’une, tandis que son ambition lui conseillerait de préférer l’autre.

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