Ne comptons donc point sur les critiques des journaux pour l’expansion de nos idées ou de nos sentiments. […] Ils créent des mouvements d’idées, font des conférences, fondent des journaux et des groupes d’études sociales. […] Henry Bérenger, que le premier venu, marchand de papier, financier véreux, reporter ou chroniqueur taré, n’eût pas le droit de fonder et de diriger un journal. Des garanties légales d’honorabilité, de capacité, de savoir, devraient être exigées du directeur de journal, comme elles le sont du notaire, de l’avoué et du pharmacien. […] C’est l’imitation de Napoléon, nous le savons trop, qui a mené Julien Sorel et Racadot jusqu’à la guillotine, Ernest La Jeunesse au bar du journal et Monsieur Barrès à la faillite morale.
Ces registres ou journaux sont la censure la plus impartiale, la plus efficace et la plus redoutée des princes. […] L’histoire est le miroir de ma conscience : dans les autres je vois ma propre image, et j’entends, dans le jugement que je porte de mes prédécesseurs, le jugement qu’on portera de moi-même. » « Ces sortes de journaux sont dans les mœurs de la nation chinoise. Les chefs des grandes maisons font leur journal secret, dans le goût, à peu près, de celui de l’empereur, pour leur propre instruction et pour celle de leurs enfants. Ce journal est nécessaire à certains égards, et commandé, pour ainsi dire, par les lois, parce que, quand quelqu’un est présenté à l’empereur pour être promu à un emploi, il doit être en état de répondre sur les charges qu’ont remplies son grand-père, son père et lui, sur les grâces qu’ils ont obtenues, sur les fautes qu’ils ont faites, sur la manière dont ils en ont été punis, sur la façon dont ils les ont réparées ou en ont obtenu grâce. » Tout le gouvernement est intellectuel dans un pays dont Confucius a écrit le code et spiritualisé toute la constitution.
Peu de jours après avoir quitté Paris, j’appris, en ouvrant un journal, qu’il était mort au bord de cet Océan dont il avait la grandeur, les orages, l’infini dans le cœur ! […] Je versai des larmes : j’en versai de plus amères un mois après, quand je lus dans le feuilleton du Journal des Débats cette héroïque et pathétique élégie de Jules Janin, intitulée : La Mort d’Adolphe Dumas. […] Je n’ai jamais pu m’empêcher de mal espérer d’un pays qui a fait du rire une institution dans ses journaux ; cela n’avait lieu à Rome que dans les triomphes, pour rappeler aux heureux qu’ils étaient hommes. […] Ils y végètent du salaire de quelques articles empoisonnés qu’ils envoient à des journaux avides de scandale ; et si vous avez eu le malheur de répondre à leurs lettres et de céder à votre cœur en leur portant secours, une autre fois ils vous menacent, en sifflant comme la vipère sous la pierre où elle est cachée, de vous dénoncer ou de vous mordre ; espérant arracher à la peur ce que la main vide ne peut plus leur apporter.