Sans doute il joue un peu avec elle comme avec une amie point trop farouche, encore que sinistre. […] Quand Saintré a couru quelque hasard et que chacun s’empresse de le féliciter, madame se complaît à jouer l’indifférence. […] Des Juifs sont aveuglés subitement par la Vierge : ils plaisantent agréablement sur leur soudaine cécité : Nous sommes droitement en point Pour jouer à la cline-mouche60. […] « J’ai lu une fois dans ma vie, dit l’auteur de l’Essai sur la poésie dramatique, les Causes célèbres de Gayot de Pitaval : voilà comment jouent les passions humaines92 ! […] Seulement Marivaux se joue à la surface de la vie intime.
Sans jouer absolument le rôle un peu trop effacé de ce garçon de musée, j’ai montré sous le meilleur jour, autant que je l’ai pu faire, les œuvres des littérateurs marquants de ce temps, et sans elles, mon ouvrage ne saurait exister. […] Quant à la pièce qu’il vient de tirer de son livre, Daudet l’a écrite ou plutôt dictée en moins de vingt-cinq jours ; toutes les scènes, il les a jouées dans son cabinet, et cela avec cette exubérance, cette prodigieuse abondance qui tient à ce Midi qu’il a tant critiqué et qu’il aime tant, ce Midi bizarre qui est un reflet de l’Orient, même par le dédain des femmes qu’il déclare n’être pas des « genses », et qui dit : une femme, ce n’est pas une parente ! […] Drôlement peinte, blanche comme du plâtre, avec un petit rond rose bien régulier au milieu de chaque joue ; la bouche carminée et un peu de dorure soulignant la lèvre inférieure. […] Mais, contre son attente, Lucile Esparvier, comme une bonne dame dans sa maison, se livra aux occupations les plus innocentes, joua un peu du piano, attacha ses douzaines de mouchoirs de claire batiste avec des faveurs roses, et, ayant ouvert ses écrins, frotta ses joyaux avec une peau pour les rendre nets et brillants. […] Hector Malot prend un fils de paysans assez près encore de la nature pour subir le besoin du crime, mais assez cultivé aussi par son éducation scientifique et philosophique pour être certain que s’il commet ce crime habilement il n’aura rien à craindre : ni de la loi, dont il se jouera ; ni de lui-même, puisqu’il sait que la conscience n’existe pas.
La scène se passe sur une guillotine et sur le corps d’un guillotiné ; le squelette de la Mort qui domine tient en main et lit le journal le Peuple ; un peu au-dessous, un jeune Asiatique joue de la flûte sur un os perforé : dans le fond, ce ne sont qu’incendies et ruines. […] La peinture est une maîtresse qui passe de main en main sans jamais vieillir ; avec un peu de jugement on doit s’en éloigner avant quelle ne vous joue de mauvais tours ; du reste, c’est le secret de la vie tout entière.