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279. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Seulement il faut aujourd’hui le rappeler, au moment où ils prirent pour champ d’analyse et de peinture les mœurs populaires, ils étaient, l’un et l’autre, dans cette ébriété Je jeunesse qui se grise même avec de l’eau claire et oui la croit pure, quand elle est sale. […] Cependant, après et même avant cette époque (1833), un peu de désenchantement était tombé, comme une goutte d’eau glacée, dans les illusions de jeunesse et les erreurs à outrance de M.  […] Brucker alluma dans sa tête ce système, asphyxiant pour les imaginations vives, le Fouriérisme, et c’est ainsi que le suicide de sa vie, il ne l’accomplit que sur sa raison… C’est dans cette orageuse période de sa jeunesse qu’il écrivit avec un talent haletant et convulsé le livre intitulé Mensonge, où la Critique put remarquer un effrayant chapitre intitulé Le Fond des âmes, enlevé dans l’amère et ironique manière d’Henri Heine, un des plus grands poètes qui aient paru depuis Byron, mais une fleur de poésie mortelle aux âmes qu’elle touche, comme le laurier-rose, dont elle a les suavités de teinte et les poisons.

280. (1864) Études sur Shakespeare

Naturellement prudente et réservée, bien que hautaine, elle avait appris, dans les dures nécessités de sa jeunesse, à ne pas se compromettre. […] La poésie est devenue le but de son existence ; but aussi important qu’aucun autre, carrière où il peut rencontrer la fortune aussi bien que la gloire, et qui peut s’ouvrir aux idées sérieuses de son avenir comme aux capricieuses saillies de sa jeunesse. […] Livrée à toutes les excitations qui se rencontraient sur son chemin, parce que rien ne pouvait la satisfaire, la jeunesse du poëte accepta le plaisir, sous quelque forme qu’il se présentât. […] Mais quel jour égalait le premier jour de mai, brillant des joies de la jeunesse et des espérances de l’année ? […] Un sentiment de devoir vient de prescrire à Hamlet un projet terrible ; il ne croit pas que rien lui permette de s’y soustraire ; et, dès le premier instant, il lui sacrifie tout, son amour, son amour-propre, ses plaisirs, les études même de sa jeunesse.

281. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Dans ces revues où s’assemble une jeunesse vaniteuse, l’esprit de coterie a totalement détruit l’esprit critique. […] Et l’histoire nous raconte que les héros qui devaient s’illustrer, plus tard, sous la Révolution, avaient été dans leur jeunesse des amoureux fort véhéments. […] Il n’a pas animé les formes qu’il façonna du souffle surhumain de l’éternelle jeunesse. […] La personnalité de Napoléon continue, parmi la jeunesse, à être violemment discutée. […] Pour moi, je suis resté, toute ma jeunesse, un fervent de Napoléon.

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