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605. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« L’essence de toute intelligence est de connaître et d’aimer. […] Toute intelligence est, par sa nature même, le résultat, à la fois ternaire et unique, d’une perception qui appréhende, d’une raison qui affirme, et d’une volonté qui agit. […] Il y a des intelligences, des natures meilleures, des hommes divinisés. […] « Mon très cher enfant, écrit-il, de Pétersbourg, à sa fille Constance, qu’il n’avait pas vue naître, et dont il se faisait une charmante image, justifiée par la nature et par l’intelligence, mon très cher enfant, il faut absolument que j’aie le plaisir de t’écrire, puisque Dieu ne veut pas encore me donner celui de te voir. […] Il s’efforcera de donner aux dogmes de la religion révélée l’expression la plus admissible par la raison pieuse de l’esprit humain ; il rejettera sur la barbarie des âges de ténèbres les actes coupables ou les pratiques regrettables dont l’intolérance et les supplices ont déshonoré, par la main des rois, des peuples ou des pontifes, la sainteté morale de la religion chrétienne ; il ne rendra pas le culte solidaire de la politique ; il ne fera pas de Dieu le complice de l’homme ; il ne bravera pas à chaque phrase la raison humaine par des défis de foi ou de servilité d’esprit qui révoltent l’homme, qui scandalisent l’intelligence et qui le repoussent par l’excès de superstition dans l’impiété.

606. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Une intelligence supérieure est saisie, à proportion de sa supériorité même, des beautés de la création. C’est l’intelligence qui découvre l’intelligence dans l’univers, et un grand esprit est plus capable qu’un petit de voir Dieu à travers ses œuvres. […] Il semble, lui, homme de si lucide intelligence, ne pas s’apercevoir seulement que la dictature c’est la république sans la liberté et la monarchie sans stabilité, c’est-à-dire deux inconséquences dans une. […] Aussi n’hésita-t-il pas, et c’est en cela seulement que nous admirons la logique de son ambition et la fermeté de son intelligence.

607. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Cette âme donc, lorsqu’on la cultive et qu’on la guérit des illusions capables de l’aveugler, parvient à ce haut degré d’intelligence qui est la raison parfaite, à laquelle nous donnons le nom de vertu. […] Les pages qu’il consacre à énumérer les preuves d’ordre, de plan, d’intelligence, de surveillance dans la nature sont les plus éloquentes de toute son éloquence. […] Mais après les miracles du monde matériel, écoutez-le décrire ceux de l’intelligence humaine : « Quand je viens ensuite à considérer l’âme même, l’esprit de l’homme, sa raison, sa prudence, son discernement, je trouve qu’il faut n’avoir point ces facultés, pour ne pas comprendre que ce sont les ouvrages d’une Providence divine. […] Vous feriez voir l’étendue de notre intelligence ; comment nous savons réunir nos idées et lier celles qui suivent avec celles qui précèdent, établir des principes, tirer des conséquences, définir tout, le réduire à une exacte précision, et nous assurer par là si nous sommes parvenus à une science véritable, qui est le comble de la perfection, même dans un Dieu. […] « Enfin, la connaissance des vrais biens et des vrais maux étant le fondement de toute la philosophie, j’ai épuisé ce sujet important dans cinq livres consacrés à faciliter l’intelligence de tout ce qu’on a dit pour et contre chaque système.

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