Son aventure est liée à quelques-uns des problèmes qui, en son temps et depuis lors, aujourd’hui encore, sont le plus dignes d’occuper les intelligences. […] En somme, une philosophie de l’histoire obéit au vœu le plus cher de l’intelligence humaine, qui est de réduire à l’unité la multiplicité apparente. […] Il faut séparer le travail de l’intelligence et la niaiserie. […] Mais n’allez pas conclure de là au mépris de l’intelligence. […] Et il est vrai qu’un, sentiment parfait de la justice engagerait — et engage — les sociétés humaines à être bonnes et intelligentes : l’intelligence et la bonté sont d’accord.
Mais, cher Barbey (au fait, ne dit-on pas crotté comme un barbet), mais, cher Crotté d’Aurevilly, faut-il que la soûlerie à l’eau bénite ait obscurci votre intelligence si souvent fulgurante des êtres et des idées n’est-ce pas historien des Diaboliques et de La Vieille Maîtresse, — pour que vous n’ayez pas même soupçonné que l’Église, afin de ne point demeurer vide, s’était justement donné à tâche de faire en sorte qu’il y eût beaucoup de cœurs perdus, de cœurs, d’âmes sans corps, en réponse à la vieille image des corps sans âme. […] Les poissons-scies de l’intelligence grincent tout leur saoul et détaillent n’importe quoi sur leur chemin. […] Mais, parce que, depuis Pascal, les petits analytiques, dans leurs tortures, toujours invoquent l’esprit de finesse, tu te réjouis des impasses, au fond desquelles, les intelligences courbées en deux, en quatre, en douze, en mille (mais à quoi bon des chiffres, leurs contorsions sont infinies) se crachotent morceau par morceau. […] On a pris pour un fauve de l’intelligence le produit de la plus sensuelle des horticultures. […] N’est-ce point, d’ailleurs, la même maladie de l’intelligence, le même dualisme non surmonté13 qui, au plus beau de sa période littéraire inspirait à Aragon l’inoubliable « Moscou la gâteuse ».
Il y devint l’ami de Goethe, qu’il eut le mérite d’apprécier du premier jour à sa valeur ; et ce qui est vrai encore, c’est que pendant toute cette belle saison de 1772, Goethe, accueilli par lui, adopté par Charlotte et par toute la famille, mena une vie d’exaltation, de tendresse, d’intelligence passionnée par le sentiment, d’amour naissant et confus, d’amitié encore inviolable, une vie d’idylle et de paradis terrestre impossible à prolonger sans péril, mais délicieuse une fois à saisir. […] Émile Montégut, ou plutôt un hymne plein de feu, d’âme et de tendre intelligence.