Ce genre, il est vrai, répond le mieux, et de la façon peut-être la plus attrayante, à toutes nos curiosités comme à la plupart des élans intellectuels ou sentimentaux qui dominent notre société contemporaine. […] Maurice Barrès a été frappé de l’importance exceptionnelle prise dans la vie intellectuelle contemporaine par l’idée sociale. […] Maurice Maeterlinck, lequel constate une absence complète de vie mentale chez la femme et qui estime l’œuvre féminine dépourvue, presque toujours, de pensée, d’idées générales et de poids intellectuel. […] Jadis, le roman féminin, composé presque toujours par des femmes du monde en vue d’offrir aux jeunes filles un divertissement intellectuel sans danger, manquait au premier chef de franchise et de naturel et péchait par un optimisme vertueux conventionnel à l’excès.
A côté des fondateurs du dadaisme, les seuls qui soient logiques avec eux-mêmes et dont le cas mérite attention, sont venues se ranger toutes les victimes de la société bourgeoise intellectuelle. […] En Allemagne, les gros intellectuels firent en bloc un manifeste historique dont la sottise fut inégalée de ce côté où ils agirent en ordre dispersé. […] Raymond Lefebvre (1891-1920), intellectuel pacifiste français, ami de Paul Vaillant-Couturier, admirateur de Tolstoï et de Romain Rolland. […] Christophe Prochasson résume ainsi le roman, dont il fait un emblème de la culture nouvelle émergeant à partir de 1916 : « Le Sacrifice d’Abraham faisait s’affronter l’art vivant, un jeune poète qui meurt au front, à feu l’académisme, son père, accumulant les tournures patriotiques et refusant à son fils un poste à l’arrière proposé par l’une de ses relations politiques. », Christophe Prochasson, Les Intellectuels, le socialisme et la guerre, 1900-1938, préface de Madeleine Rebérioux, Seuil, coll. « L’Univers historique », 1993, p. 149.
II On n’a donc pas touché et on ne touchera donc pas bien profondément, croyons-nous, a son livre, tout en en citant beaucoup de passages et tout en faisant à l’auteur des salamalecs et des bonnetades de la dernière vénération… intellectuelle. […] Escamoteur, prestidigitateur, tocsin, rouge, sans-culotte, assassin intellectuel d’imbéciles et de niais, mangeur de journalistes et de philosophes, bohémien, mais bohémien sinistre, thaumaturge et gamin de Paris, Proudhon ne pouvait pas se prendre au sérieux, mais si vous lui aviez dit qu’il nous trompe… vous l’auriez offensé. […] Cette Correspondance, qui embrasse toute la vie intellectuelle de Proudhon, nous dégage du système ce qu’était l’homme, — l’homme primitif, primesautier, naïf, la créature vivante, l’être moral, en un mot ; car, il faut bien le dire, le monstre était moral. […] Mais les sciences, mais l’orgueil des sciences, mais la philosophie du xviiie siècle, mais la Révolution française, faussèrent, déformèrent et mutilèrent abominablement ce bon sens, qui aurait dû rester souverain, et c’est ainsi que le régicide intellectuel fut accompli dans l’esprit de cet homme, qui politiquement, du reste, ne devait pas répugner au régicide.