Ne voit-on pas que, pour qu’ils eussent raison, il faudrait qu’une providence harmonisât les déterminations intérieures de chaque homme avec les penchants des autres hommes et avec le monde extérieur ?
Madame de Vandeul, qui devait admirer son père, le voyait en pantoufles et en robe de chambre dans son étage de la rue Taranne, — un intérieur à la Chardin, — travaillant comme un bœuf qu’il était encore plus qu’un taureau ; mais elle ne le suivait pas au café Procope et autres théâtres d’une vie dégingandée, déboutonnée, qui avait ses heures de bohème et même ses quarts d’heure de satyre.
La tragédie d’Horace ne viole point les règles essentielles et fondamentales, et, malgré l’apparence de duplicité, le grand principe d’unité s’y trouve : c’est toujours un objet, un grand objet, un objet intéressant que Corneille nous présente ; c’est l’intérieur d’une de ces anciennes familles de Rome, dont les mœurs simples et vertueuses, les passions vives et fortes, les sentiments nobles et fiers, sont extrêmement dramatiques. […] L’esprit de ces anciens auteurs est d’une étoffe plus forte ; ils ont travaillé en conscience, cherchant avant tout la perfection de l’art, plus jaloux de bien faire que de réussir ; ils n’ont connu d’autre combinaison que l’impulsion de leur génie, d’autre calcul que le sentiment intérieur qui les guidait. […] Corneille nous découvre l’intérieur de cette cour faible et lâche ; il nous montre ce misérable esclave couronné, recevant à genoux les ordres du sénat, obéissant aux volontés de sa femme, tremblant devant un fils qui le brave.