J’ai habituellement de l’homme de moins grandes idées, et je ne le vois que comme un des innombrables accidents dans les variétés de la vie, un résultat bien fugitif et transitoire, une apparition d’un instant (cet instant fût-il composé de quelques millions d’années), et ce que Pindare a appelé le songe d’une ombre. » (Lettre à M. de Chantelauze, du 18 septembre 1868.)
En tous cas, l’auteur de Volupté, qui n’était pas précisément un naïf, n’a pas douté un instant de la sincérité du poète des Fleurs du mal. […] Et ce n’est pas tout : dans l’instant où l’on prétend exprimer la passion la plus ardente, on s’applique à chercher la forme la plus précieuse, la plus imprévue, la plus contournée, c’est-à-dire celle qui implique le plus de sang-froid et l’absence même de la passion Ou bien, pour innover encore dans l’ordre des sentiments, on se pénètre de l’idée du surnaturel, parce que cette idée agrandit les impressions, en prolonge en nous le retentissement ; on pressent le mystère derrière toute chose ; on croit ou l’on feint de croire au diable ; on l’envisage tour à tour ou à la fois comme le père du Mal ou comme le grand Vaincu et la grande Victime ; et l’on se réjouit d’exprimer son impiété dans le langage des pieux et des croyants.
Il n’a pas un instant d’illusion, ni sur l’espèce de son amour, ni sur ses conséquences probables. […] France goûte pleinement le plaisir satanique de comprendre, de douter, de nier ; mais il semble qu’à chaque instant aussi il l’épuise, il en touche le néant… Je suis bien curieux de savoir où cela le mènera… J’ai nommé Choulette.