Tour à tour naïve, tendre, morale, et guerrière, elle fait éclore les idées les plus riantes et les sentiments les plus élevés ; elle inspire l’amour, cimente l’amitié, frappe le ridicule, enflamme le courage ; enfin, est à la fois l’interprète du cœur et l’organe de l’esprit. […] Églé et l’Amoureux de quinze ans sont deux tableaux d’un dessin pur et gracieux ; et cependant, lorsque l’auteur se livre à des compositions dramatiques, on voit que c’est encore la muse de la chanson qui l’inspire ; elle veut essayer un ton plus grave, des manières plus imposantes, mais elle se trahit à la naïveté de son langage, à la délicatesse de ses formes, et l’œil le moins clairvoyant reconnaît Érato sous le masque de Thalie.
En effet, si ce livre, entrepris dans l’intérêt de populations plus ou moins injustement oubliées, et qui firent, à leur heure, leur petit tapage dans l’histoire ; si ce déchiffrement laborieux d’étiquettes de peuples momifiés dans les catacombes de leurs montagnes peut être véritablement quelque chose de plus qu’un travail de chroniqueur ou d’antiquaire ; s’il y a réellement l’étoffe d’une grande et neuve histoire dans ce déterrement de nations mêlées et fondues, dans cette grenaille féodale qui a levé sur les versants des Pyrénées, comme elle a levé partout dans le limon de l’Occident, on est rigoureusement tenu d’ajouter aux faits qu’on raconte les considérations qu’ils inspirent ou qui les dominent. […] « Le plateau pyrénéen, — dit-il dans son introduction, — ce plateau, dressé entre la France et l’Espagne, comme l’immense squelette d’un cétacé qui aurait échoué entre deux mers, a renfermé, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, tous les caractères, tous les éléments qui ont le droit d’inspirer ou d’obtenir une histoire.
Elle emporta tout de l’intérêt qu’il aurait dû inspirer, dans l’immense intérêt qu’elle inspira, et le plus grand titre à la renommée de ce malheureux roi, qui était pourtant quelqu’un par lui-même, est peut-être d’avoir eu pour fille cette femme-là !