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773. (1886) Le roman russe pp. -351

C’est le roman de ce temps-là, le premier effort de l’imagination pour réaliser l’idéal qui séduit toutes les âmes. […] De là, pour l’homme de la steppe, l’inclination au rêve, la retombée sur lui-même, l’essor en dedans de l’imagination. […] L’imagination du poète vagabonde à leurs trousses, dans les forêts où ils battent l’estrade, en Sibérie, sur les grands fleuves. […] Il faut bien montrer aux autres, à tous, ce que le cœur éteint a laissé de lui-même dans l’œuvre d’imagination. […] » Ce cri sera toujours la meilleure sanction des œuvres d’imagination.

774. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Jamais l’imagination bouffonne n’avait été plus jeune, plus verte ni plus jaillissante. […] Cependant Molière y a fait preuve d’ingéniosité, d’esprit et même d’imagination. […] En tous les temps la réalité burlesque égale l’imagination burlesque des auteurs comiques et quelquefois la dépasse. […] Il a de l’imagination ; maïs il n’aime pas l’imagination. […] S’il est une satire de la maladie imaginaire, il est une satire aussi de l’imagination maladive.

775. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Enfin, il y a une chose qui m’embête chez le plus grand homme de lettres incontestablement du passé : c’est le défaut d’imagination. Oui, oui, c’est indéniable, les auteurs dramatiques de tous les pays depuis les plus renommés dans les anciens jusqu’à Sardou, manquent d’imagination et créent d’après les autres. […] que vous êtes détesté, haï, — c’est Rosny qui succède à Zola, — cela dépasse l’imagination, il fallait entendre ce qu’il y avait de fureur contre vous dans les corridors, et ce n’est point encore tant le lettré que l’homme, qui est abominé ! […] Ils sont tout à la bataille des mots, et ne se doutent guère qu’à l’heure présente, il s’agit de bien autre chose : il s’agit d’un renouvellement complet de la forme pour les œuvres d’imagination ; d’une forme autre que le roman, qui est une forme vieille, poncive, éculée. […] C’est curieux, si je suis bien nié, bien haï, bien insulté, j’ai des enthousiastes, et surtout chez des femmes du peuple, en ce temps où il n’y a plus de religion, et où je me sens, dans leur imagination, occuper la place d’un prêtre, d’un vieil être auquel va un respect religieux un peu tendre.

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