Leur idéal, s’il est permis de parler ainsi, est un idéal d’État, un idéal d’hôpital d’État, une immense maison finale et mortuaire, sans soucis, sans pensée, sans race.
Ce qu’on y rencontrera, c’est l’Idéal, l’image poétisée de la vie, la préoccupation de l’optimisme, une préférence marquée pour les événements heureux ou bienfaisants, pour la moralité, pour la défense des thèses généreuses, saines ; on y verra le roman psychique, qui repose du spectacle des vices par le contraste des vertus. […] ni vraisemblance ni idéal !
Ce portrait ne donne pas non plus l’idéal de l’égoïste ; mérite réservé à Arnault dans cette admirable fable du Colimaçon que chacun sait par cœur : Sans ami, comme sans famille, Ici-bas vivre en étranger ; Se retirer dans sa coquille Au signal du moindre danger ; S’aimer d’une amitié sans bornes ; De soi seul emplir sa maison ; En sortir, suivant la saison, Pour faire à son prochain les cornes ; Signaler ses pas destructeurs Par les traces les plus impures ; Outrager les plus belles fleurs Par ses baisers ou ses morsures ; Enfin, chez soi, comme en prison, Vieillir, de jour en jour plus triste, C’est l’histoire de l’égoïste, Et celle du colimaçon.