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2208. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre. […] Et tout d’un coup on découvre sous cette apparence innocente un satirique, un philosophe, un connaisseur de l’homme ; en sorte que de tous ses héros c’est lui qui est le plus amusant et le mieux masqué. […] Quand Grandville, pour illustrer La Fontaine, a mis sous nos yeux les bêtes en habits d’hommes, il a tout gâté ; il n’a fait qu’entasser un carnaval vulgaire, propre à faire rire des provinciaux et des épiciers. […] Il est difficile à un homme si gai d’être un vrai précepteur de moeurs. […] Ce conseil-là vient si bien du coeur, que La Fontaine, l’homme insouciant, indifférent, s’indigne sérieusement contre le convoiteux et l’avare.

2209. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Les livres des médiocres ne contiennent pas d’instruction ; mais les chutes des grands hommes nous montrent les précipices : qui oserait se flatter de marcher sûrement où Taine et Brunetière ont glissé ? […] Et ainsi ce qui est pour l’homme de science un moyen de voir, n’est plus aux mains du littérateur qu’une manière de voir. […] L’histoire littéraire bénéficie de l’idée un peu dédaigneuse que s’en font les hommes qui ont le pouvoir de faire du mal. […] Tous les hommes d’un même pays qui participent à l’esprit scientifique affermissent par là l’unité intellectuelle de leur patrie. Car l’acceptation d’une même discipline établit une communion entre des hommes de tout parti et de toute croyance.

2210. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Combien d’hommes dont la vie est absorbée complètement par la poursuite de la richesse et l’ambition ! Combien d’hommes chez qui l’amour de la famille, des amis, du pays, de l’humanité, paraît complètement impuissant, quand il est en lutte avec leur avarice ou leur ambition. […] De plus un homme considère son enfant comme une cause, beaucoup plus certaine pour lui qu’aucune autre, de plaisirs et de douleurs. […] Toutes les fois qu’un homme est placé dans des circonstances qui produisent ces associations, il ressent l’affection paternelle, lors même que la parenté n’existe pas. […] Et le commun des hommes est de même totalement indifférent à un grand nombre de sons, que nous appelons Beaux.

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