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828. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

… Tout cela est en carton et pue l’huile, tous ces héros à ficelles sont sans vie, quoique se remuant beaucoup. […] On fait un roman quand on veut et avec tout ce qu’on veut, il suffit de prendre une plume, d’écrire un titre et de faire patauger dans une mare d’événements terribles ou grotesques, suivant l’inspiration du moment et la mode du jour, un héros et une héroïne quelconques. […] Il est bien évident, honnête homme qui m’avez interpellé tout à l’heure, que l’acteur tient plus de place dans votre estime que le héros qu’il représente, et que Manlius et Phèdre vous intéressent à un titre bien moindre que Mlle Rachel et Talma, sans quoi achèteriez-vous les biographies de M. de Mirecourt, de M.  […] Pas plus les idéalistes que les autres ne peuvent imposer un sujet à l’écrivain ; il prend pour héros le type qu’il a vu, qu’il comprend, et, à quelque classe qu’appartienne ce type, il est bon s’il est bien rendu. […] Cucheval croit que Balzac a tout perdu, et trouve absurde qu’on peigne les détails de la vie réelle, qu’on parle des parents du héros d’un roman et qu’on s’occupe des faits de la vie de tous les jours, qui est ennuyeuse et monotone et qu’on sait par cœur.

829. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Il y a beaucoup de Don Quichote dans ces héros, quelques bacheliers de Salamanque, et pas mal de Gil Blas. […] Tout ce pêle-mêle de grisettes, de filles perdues, de vieillards désespérés, d’étudiants goguenards, de philosophes radicaux, de braves rêveurs, de héros sans cause, est d’un mouvement désordonné qui peint bien l’imagination populaire un jour de révolution. […] Les nations n’ont pas toujours et à toute heure le tempérament des héros et des martyrs.

830. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Partout le poète prend un objet hors de lui pour y diriger notre émotion ; il fait élection d’un héros, Moïse, un loup, Jésus, une bouteille que l’océan jette au rivage. […] Plus que jamais, rien pour la pensée ni pour le cœur, tout pour les yeux ; cela s’appelle Études de mains, ou Symphonie en blanc majeur : une aquarelle, un bibelot, une statue du musée, un aveugle jouant du basson, l’obélisque, Paris sous la neige, voilà ses modèles ; ou bien il grave la vision que Nodier ou Mérimée donnent de leurs héroïnes, Inès de las Sierras ou Carmen. […] Il s’y était essayé dans la Mort de Socrate (1823), récit platonicien, parfois incohérent, souvent admirable, et dans le Dernier Chant de Childe-Barold (1825), où il a tiré le héros révolté de Byron vers sa propre ressemblance.

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