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1043. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Comme c’est aussi l’esprit religieux qui domine le moyen âge, je n’ai guère à parler de cette époque. […] L’auteur avait été préparé à écrire dans ce genre par les difficultés et les chagrins d’une vie dont les débuts n’annonçaient guère la haute fortune qui la devait couronner. […] En un mot, ce roman n’est qu’une glorification de Werther ; on n’y parle, on n’y sent que d’après Werther, et les malheurs particuliers des héros du livre de Nodier ne sont guère qu’un prétexte pour écrire un pastiche littéraire. […] Il n’est presque aucun de ses ouvrages qui ne se termine par un dénouement violent ; la mort inopinée est le « Deus ex machinâ » de tous ces récits, et la liste de ses héroïnes n’est guère qu’un long martyrologe. […] Cet acte de désespoir n’était guère dans les mœurs d’une nation légère et amoureuse de la vie.

1044. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Comme les pères du célèbre concile, ces hommes discuteraient sérieusement la question de savoir si les femmes ont une âme, et, ne croyant guère à cette âme, ils demandent à leur compagne de leur montrer des yeux profonds, un tendre sourire, des gestes menus, et, par-dessus tout, d’être naturelle. […] Lorsque au lendemain du premier empire les jeunes gens ouvrirent les yeux sur la vie, il se trouva que leur sensation de toutes choses ne ressemblait guère à la sensation notée par leurs pères du dix-huitième siècle. […] Pourtant ils n’avaient guère d’idées du même ordre, lui, l’orateur méridional, lancé si hardiment en plein courant du monde moderne, et l’autre, l’écrivain solitaire, d’une invincible énergie de protestation contre ce monde. […] José-Maria de Heredia, qui n’a guère écrit que des sonnets, mais excellents. […] Mais le Parisien ne s’inquiète guère de concilier sa gouaillerie et ses générosités, ses heures cyniques et ses heures lyriques.

1045. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Que M. de Maistre ait lu cette Lettre de Saint-Martin au moment même où elle fut publiée, on n’en saurait guère douter, parce qu’elle dut parvenir très-vite à Lausanne, où se trouvait alors un petit noyau organisé de mystiques, dont le plus connu, Dutoit-Membrini, venait de mourir précisément en ces années. […] Il était parti seul et demeura ainsi plusieurs années sans avoir près de lui sa famille, de sorte que sa vie d’homme d’étude et de savant n’était guère interrompue. […] Il jugeait par lui-même, et discernait, sans paresse, sans préjugés ; l’originalité se retrouvait en chacun de ses Jugements. — Au reste, il n’a guère eu rien à voir à aucune de ces tentatives que nous appelons nôtres  ; il était disparu auparavant. […] Entre une Rome à laquelle on ne croit plus qu’assez difficilement, et une Providence philosophique qui n’est guère qu’un mot vague pour les discours d’apparat, bien des esprits inquiets et sincères se réfugient dans une sorte de religion de la nature et de l’ordre absolu, qui a déjà essayé plusieurs costumes en ces derniers temps. […] Si par hasard, pendant que je me promène encore sur cette pauvre planète, il se présentait un de ces moments d’à-propos sur lesquels le tact ne se trompe guère, je dirais à mes chiffons : Partez, muscade !

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