Son Théâtre des Grecs est ce qui l’a mis en réputation parmi les gens du monde. La connoissance profonde qu’il avoit des auteurs Grecs & Latins, & l’usage qu’il en faisoit pour extraire les beautés originales & les faire passer dans notre langue, lui ont fait imaginer qu’il falloit tenir la même route. […] Il a commencé à se corrompre chez les Grecs immédiatement après la mort d’Alexandre ; chez les Romains dès le règne de Tibère ; chez les Italiens à la mort de Léon X, & en France au commencement de ce siècle.
Ils avoient passé toute leur vie dans l’étude des auteurs Grecs & Latins, dans ce talent si rare d’instruire la jeunesse, dans la composition de plusieurs ouvrages analogues à leur état. […] Il s’étend beaucoup sur la nécessité d’apprendre le Grec : il entre, là-dessus, dans de longs détails, & ne dit rien de ce qui est le plus essentiel à l’éloquence. […] Chez les Grecs & chez les Romains, comme aussi chez les Anglois, & généralement dans toutes les républiques où l’on est continuellement occupé de grands intérêts publics, il se peut qu’on réduise toute la force de l’éloquence à sçavoir persuader & faire réussir ses desseins ; qu’on ne lui reconnoisse aucune autre vertu, parce que toutes les autres qualités doivent être subordonnées à celle-là, & qu’il est juste que le principal l’emporte sur l’accessoire : mais, en France, & partout ailleurs où le gouvernement républicain n’a pas lieu, on doit distinguer ces deux choses.
Si l’apprenti prêtre a fait son cours entier des arts, il saura le latin et le grec. La connaissance de la langue latine lui est indispensable ; celle de la langue grecque lui est encore moins nécessaire qu’au médecin. […] Ne rien souffrir qui tende à rapprocher l’Église grecque de la communion romaine ; la science y gagnerait peut-être, mais il y aurait du danger pour la paix de l’État.