Le sceptique Montaigne, le candide Amyot, rajeunissaient le latin et le grec francisés, en donnant à leur style la naïveté, la grâce, la souplesse et, pour ainsi dire, l’enfance de la nation ; l’audacieux Ronsard, cette imagination attique, avortait dans l’enfantement d’une poésie nationale, mille fois plus libre, plus ailée, plus moderne et plus française que la poésie importée après lui d’Athènes et de Rome. […] Boileau imite Horace dans tout ce qu’un homme d’esprit peut imiter d’un homme de grâce ; il n’est original que dans le Lutrin, chef-d’œuvre de badinage poétique, mais badinage enfin. […] Il effémine avec grâce cette langue trop durcie par la trempe de Bossuet ; il la rend malléable et propre aux plus tendres épanchements de la piété, de la rêverie et de l’amour. […] Le caractère tout à fait gaulois de ce poète lui a fait trouver grâce et faveur dans sa postérité gauloise comme lui, malgré ses négligences, ses immoralités, ses imperfections et ses pauvretés d’invention. […] C’est le génie de l’incurie, de la puérilité et de la licence, trois choses qui seraient des vices dans un autre et qui ont du moins quelquefois en lui la grâce peu décente de ses vices.
De l’autre côté du détroit, à la même époque, on loue autant, mais sans trop s’avilir, parce qu’on apprête la louange ; tantôt on la déguise ou on la relève par la grâce du style ; tantôt on a l’air de s’y conformer comme à une mode. […] Nous sommes prêts à conclure que vous êtes un couple d’anges envoyés ici-bas pour rendre la vertu aimable ou pour offrir des modèles aux poëtes, quand ils voudront instruire et charmer leur siècle en peignant la bonté sous la forme la plus parfaite et la plus séduisante qui soit dans la nature752. » Ailleurs, se tournant vers Monmouth, il ajoutait : « Tous les hommes se joindront à moi pour le tribut d’adoration dont je m’acquitte envers Votre Grâce753. » Sa Grâce ne sourcillait pas, ne bouchait pas sa narine, et Sa Grâce avait raison. […] Il s’agit de frapper juste et fort, il ne s’agit point de frapper avec grâce. […] si le poinçon qui a copié toutes ses grâces, — et labouré de tels sillons pour cette face d’eunuque, — avait pu tracer sa volonté toujours changeante ! […] Après avoir erré dans les débauches et les pompes de la Restauration, Dryden entrait dans les graves émotions de la vie intérieure ; quoique catholique, il sentait en protestant les misères de l’homme et la présence de la grâce ; il était capable d’enthousiasme.
Elle en comprendrait tout de suite la grâce attendrie. […] Et qui ne sent que la grâce est meilleure que la justice ? […] J’ai dit que la grâce de l’Apollonide était une grâce, pieuse. […] Sa grâce pouvait toucher les cœurs les plus rudes. […] Jules Lemaître s’occupe tous les lundis avec une grâce diabolique.