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449. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Depuis le maréchal Christophe-Jean, qui fut le fondateur de cette dynastie romanesque et un peu brigande des Kœnigsmark, jusqu’à ce comte Charles-Jean qui, au xviie  siècle, se, battit contre les Turcs sur un vaisseau qui sauta, et, après avoir sauté avec le vaisseau, revint à la nage se battre encore, exploit à la Roland pour lequel l’ordre de Malte le fit chevalier, quoiqu’il fût protestant, — par un crime d’admiration que la gloire même n’excuse pas, — vous n’avez jamais en tous ces hommes qu’un type connu, le type des héroïques soudards de la guerre de Trente Ans, de ces derniers capitaines d’aventure dont le casque a rayonné sur les champs de bataille du monde. […] Philippe de Kœnigsmark, — dont l’Hisloire n’a dit qu’un mot et à voix basse, car le métier de l’Histoire est de tout savoir, et la honte d’ignorer se mêlait pour elle à l’ignorance et au mystère, ce héros byronien, avant Byron, qui disparaît comme Lara ou comme le Corsaire, dont les uns disaient qu’il avait été jeté dans un four par la jalousie de Georges Ier, roi d’Angleterre, et les autres qu’il avait été enterré sous une des feuilles du parquet de sa royale maîtresse, Sophie-Dorothée, — Philippe de Kœnigsmark sort enfin des ténèbres qui pesaient sur son tombeau, et il en sort avec tout un monde que l’Histoire n’a pas vu, dans l’éblouissement d’une époque qui nous a trop longtemps aveuglés de sa gloire et qu’il faut aujourd’hui savoir juger ! […] En effet, déjà de 1695 à 1700, lorsque Louis XIV penchait à son déclin, mais remplissait encore tout de l’éclat de sa gloire, l’Allemagne, anticipant sur l’avenir de presque la moitié d’un siècle, pullulait de Louis XV obscurs, pires de cynisme et de débauche que le roi futur du Parc aux-Cerfs.

450. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

II J’ai dit que je voulais le faire connaître, non qu’il soit inconnu pourtant ; mais la notoriété de ses travaux, très comptés dans les hauteurs de l’art et de la science, diminue quand il s’agit de ce public dont les mille échos font surtout la gloire. La gloire ! […] Eh bien, de ces deux gloires, Daly a déjà la première, celle qui reste longtemps sans descendre, mais qui, une fois descendue, reste !

451. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

I Ce livre n’est pas, comme on pourrait le croire, une nouvelle édition des œuvres de François Villon, mais tout simplement un mélange de critique et de biographie, entrepris dans le dessein de tirer de l’obscurité, dont elle n’est jamais suffisamment sortie, la figure originale de cet ancien poète à qui pourtant la gloire n’a pas manqué, mais une gloire coupée d’oubli, à interruptions ou à ressauts. […] Cela arrête un peu le mépris, qui, sans cela, coulerait jusque sur sa gloire.

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