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617. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Il s’agissait en ce temps-là de recruter, de composer, de former le public ; et — pour ne parler que du genre sérieux, — puisque les Mystères avaient cessé de plaire, il s’agissait d’inventer, pour les remplacer, quelque autre chose qui procurât à peu près le même genre d’émotions et le même plaisir. […] Voilà surtout la preuve que cette faveur publique, indispensable au développement des genres, n’a pas manqué à nos romanciers. […] La peinture ou l’imitation d’une réalité toute prochaine encore devenait l’une des conditions du genre. […] Conforme à la chronologie, le plan se trouvera l’être ainsi, de plus, à ce que nous appellerons l’histoire plus intérieure du genre. […] Non ; mais la vérité, c’est qu’à ses yeux, les prétentions des médecins ne sont pas moins ridicules, en leur genre, que celles des dévots.

618. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m’empêcherait d’oser parler à ma guise d’un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives légèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d’un Anacréon. […] On ne risquait plus alors d’être mis à la Bastille pour de telles échappées ; on raconte seulement que ces vers : Et vous, peuple injuste et mutin, Sans pape, sans rois et sans reines, Vous danseriez au bruit des chaînes Qui pèsent sur le genre humain ! […] On chercherait d’ailleurs vainement dans l’élégie de Parny quelque rapport avec ce que le genre est devenu ensuite chez Lamartine, quelques vers peut-être çà et là, des traces de loin en loin qui rappellent les mêmes sentiers où ils ont passé : Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée, Nous perdons en espoir la moitié de nos jours ! […] Oui, Parny était bien cela, il l’était dans son genre à meilleur titre que Delille ; mais le malheur c’est que l’époque de Louis XVI n’avait rien de ce qui constitue un siècle ; ce n’était qu’un règne d’un goût passager et d’un jargon poétique aimable. […] J’ai souvent pensé qu’un poëte élégiaque, qui, son amour une fois chanté, se tairait à jamais et obstinément, comme Gray, par exemple, agirait bien plus dans l’intérêt de sa gloire ; il se formerait autour de son œuvre je ne sais quoi de mystérieux, de conforme au genre et au sujet.

619. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

“Les familles des animaux et des plantes”, dit un des plus grands anatomistes de notre âge, Jean Müller, dans sa Physiologie de l’homme, “se modifient durant leur propagation sur la face de la terre, entre les limites qui déterminent les espèces et les genres. […] Ce ne sont point les espèces d’un genre ; car, si elles l’étaient, en se croisant, elles deviendraient stériles. […] Des légendes isolées se retrouvant sur des points très divers du globe, sans communication apparente, sont en contradiction avec la première hypothèse, et font descendre le genre humain tout entier d’un couple unique. […] Ces exemples se rattachent aux trois classes signalées plus haut, au genre descriptif inspiré par une contemplation intelligente de la nature, à la peinture de paysage, enfin à l’observation directe des grandes formes du règne végétal. […] Dans l’épopée nationale de Virgile, la description du paysage, d’après la nature même de ce genre de poème, devait être un simple accessoire, et ne pouvait occuper que peu de place.

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