Très peu soupçonnèrent la portée de l’œuvre et le génie de celui qui l’avait faite. — Ce fut pour Wagner un coup terrible, presque mortel. […] C’est que cette nécessité, cette fatalité qui force les génies à marcher, presque malgré eux, dans une voie déterminée, se faisait sentir, mais elle ne dominait pas encore, l’homme faible n’était pas encore terrassé. […] Et Richard Wagner, le génie mâle, a, dans cette œuvre féminine, exprimé ces sentiments si universels, — et son propre désespoir, et son « doute de lui-même », qui faisaient qu’à ce moment il approchait du niveau commun de l’humanité, — dans une musique si humaine, si mélodieuse ! […] Comme dans la mélodie italienne, il a reconnu là « cette forme indigente et presque enfantine de l’art, dont les étroites limites condamnent le compositeur de génie lui-même, qui embrasse cet art, à une immobilité absolue ». […] Le premier but de la Revue, pendant cette année 1885, était d’expliquer l’œuvre de Wagner à ceux qui ne la connaissaient pas, et à ceux qui la connaissaient, le « génie entier » du compositeur.
Il a senti surtout, dernière raison, qu’il était un génie très libre, très indépendant, aimant infiniment ses aises, aimant ses coudées franches dans le genre qu’il adopterait, et qu’il serait tout à fait à l’aise dans la fable, qu’il y mettrait ce qu’il voudrait. […] Vous voyez qu’un génie indépendant et qui voulait l’être, ou qui l’était instinctivement et inconsciemment, qu’un génie indépendant et qui très probablement tenait à l’être, se sentait d’avance plus libre dans la fable, dont personne n’avait tracé les règles, que dans tout autre genre. […] Jules Lemaître, qui nous est cher, qui, faisant sa classe, dans sa jeunesse, au lycée du Havre, demandait à ses élèves : « Quel est le génie littéraire, en France, que vous préférez ? […] Mais, s’il a renouvelé la fable, c’est par son génie d’abord, et parce qu’il l’a traitée avec un charme absolument inconnu avant lui ; mais c’est aussi parce qu’il a fait la fable véritablement animalesque, véritablement zoologique, c’est parce qu’il a été, non pas seulement un moraliste, mais aussi un animalier. […] Ensuite, je conclurai sur La Fontaine ; c’est-à-dire je vous donnerai sur le génie de La Fontaine les idées générales qu’il convient, je crois, de garder dans son souvenir.
Un homme dépourvu de génie & de goût, s’exercera instructueusement dans un genre de Poésie quelconque, lors même qu’il observera avec le plus d’exactitude toutes les regles dont ce genre est susceptible. […] C’est quitter le sceptre du Génie, pour prendre les armes du Gladiateur.