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848. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Très peu soupçonnèrent la portée de l’œuvre et le génie de celui qui l’avait faite. — Ce fut pour Wagner un coup terrible, presque mortel. […] C’est que cette nécessité, cette fatalité qui force les génies à marcher, presque malgré eux, dans une voie déterminée, se faisait sentir, mais elle ne dominait pas encore, l’homme faible n’était pas encore terrassé. […] Et Richard Wagner, le génie mâle, a, dans cette œuvre féminine, exprimé ces sentiments si universels, — et son propre désespoir, et son « doute de lui-même », qui faisaient qu’à ce moment il approchait du niveau commun de l’humanité, — dans une musique si humaine, si mélodieuse ! […] Comme dans la mélodie italienne, il a reconnu là « cette forme indigente et presque enfantine de l’art, dont les étroites limites condamnent le compositeur de génie lui-même, qui embrasse cet art, à une immobilité absolue ». […] Le premier but de la Revue, pendant cette année 1885, était d’expliquer l’œuvre de Wagner à ceux qui ne la connaissaient pas, et à ceux qui la connaissaient, le « génie entier » du compositeur.

849. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Il a senti surtout, dernière raison, qu’il était un génie très libre, très indépendant, aimant infiniment ses aises, aimant ses coudées franches dans le genre qu’il adopterait, et qu’il serait tout à fait à l’aise dans la fable, qu’il y mettrait ce qu’il voudrait. […] Vous voyez qu’un génie indépendant et qui voulait l’être, ou qui l’était instinctivement et inconsciemment, qu’un génie indépendant et qui très probablement tenait à l’être, se sentait d’avance plus libre dans la fable, dont personne n’avait tracé les règles, que dans tout autre genre. […] Jules Lemaître, qui nous est cher, qui, faisant sa classe, dans sa jeunesse, au lycée du Havre, demandait à ses élèves : « Quel est le génie littéraire, en France, que vous préférez ?  […] Mais, s’il a renouvelé la fable, c’est par son génie d’abord, et parce qu’il l’a traitée avec un charme absolument inconnu avant lui ; mais c’est aussi parce qu’il a fait la fable véritablement animalesque, véritablement zoologique, c’est parce qu’il a été, non pas seulement un moraliste, mais aussi un animalier. […] Ensuite, je conclurai sur La Fontaine ; c’est-à-dire je vous donnerai sur le génie de La Fontaine les idées générales qu’il convient, je crois, de garder dans son souvenir.

850. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Un homme dépourvu de génie & de goût, s’exercera instructueusement dans un genre de Poésie quelconque, lors même qu’il observera avec le plus d’exactitude toutes les regles dont ce genre est susceptible. […] C’est quitter le sceptre du Génie, pour prendre les armes du Gladiateur.

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