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1130. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

En un mot, on s’est épuisé en critiques ; mais on ne fçauroit trop aussi donner des éloges au génie qui perce même dans les moins bonnes lettres de ce Roman unique en son genre. […] Les nœuds, les épisodes, l’intrigue, tout sent l’homme de génie. […] Les folies de la chevalerie disparurent ; & un homme inconnu, qu’un ministre barbare détenoit dans un cachot, eut la gloire de corriger la nation qui méconnoissoit son génie.

1131. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Je n’en excepte ni son Saint Benoît du Salon passé, ni son Saint Victor, ni son autre martyr dont le nom ne me revient pas, quoiqu’il y eût et de la force et du génie. […] Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ? […] Est-ce un champ stérile pour le génie qu’Adam, Ève, sa famille, la postérité de Jacob, et tous les détails de la vie patriarcale ?

1132. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Qu’on écrive l’histoire sans être un homme de génie, qu’on étudie les faits, et qu’on prouve qu’on les a étudiés en les discutant et en les racontant texte en main, cela est courageux et modeste, et cela donne le droit, quand on en a la puissance, de s’élever de ces faits jusqu’à ces généralités qui sont comme la raison des choses et l’essence même de l’histoire. […] La rage de dépayser le pays, de dénaturer le fond de notre nationalité, sous un prétexte ou sous un autre, protestant, anglais, génevois, date du règne de la maison de Bourbon, qui n’a pas su empêcher cette effroyable corruption de notre génie et qui trop souvent y a contribué. […] Elle n’y a joint que « l’atrocité de son génie ! 

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