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550. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

C’est un jeune siècle, mais déjà sérieux et rassis comme les jeunes gens d’aujourd’hui : il n’a rien gardé du passé, ni ses croyances, ni ses préjugés, ni ses belles manières, ni ses mauvaises mœurs ; mais il a toutes les qualités d’une époque qui a quelque chose à fonder, qui a sa fortune à faire : l’intelligence, l’activité, le bon sens, la persévérance, et point d’enthousiasme. […] « Que ma fortune est bizarre avec les Anglais ! […] Si vous me demandez le secret du comte de Saint-Julien pour arriver ainsi en un tour de roue à la fortune, ce secret est fort simple : ayez de très beaux yeux, des dents blanches, des mains blanches, des cheveux noirs, une blouse de coutil russe, et surtout tâchez de rencontrer sur votre route la princesse de Cavalcanti. […] Et cependant cette déclaration perdit Saint-Julien ; ce fut l’écueil où vint se briser sa fortune. […] Julien devient un personnage comique à force de confiance bénévole, pitoyable à force de mauvaise fortune.

551. (1887) Essais sur l’école romantique

Victor Hugo : loin de là ; et, pour mon goût, je l’aime mieux se jetant dans les grandes pensées, payant de sa personne et donnant tout à la fortune ; je préfère être secoué par des beautés brusques et heurtées que bercé de riches harmonies. […] La gloire, non plus que la fortune, ne vient trouver les gens au lit, et le laurier du poète ne se gagne que feuille à feuille. […] Nous ne le voyons à la tête d’aucune opinion, ni affirmative ni négative, mais s’emparant un peu de toutes, successivement, et comme de lieux communs momentanés qui peuvent faire la fortune d’un volume. […] Victor Hugo, tout en louant ses drames, par devoir d’amis fidèles à la bonne comme à la mauvaise fortune, le ramènent sans cesse à sa vocation lyrique, et l’engagent métaphoriquement à quitter les poignards pour la lyre innocente, et à ne pas sacrifier sa gloire à sa vogue. […] Triste déclin, retour amer de cette fortune qui couronnait son front de palmes prématurées, comme lui disaient les secrétaires perpétuels des Académies dans leurs rapports sur les prix.

552. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

La mort de Virginie, frappée par son père, et celle d’Appius, le juge prévaricateur, vont servir de preuves de l’iniquité des jugements ; Agrippine, Néron, Crésus, Hécube, les uns par leur fin lamentable, les autres par leurs malheurs, déposeront contre les caprices de la fortune. […] Il lui dépêche Raison qui lui parle longuement de l’amour, de l’amitié, des caprices de la fortune, de l’avarice et de ses inconvénients. […] Mais l’amant, qui raccommodait ses manches dans Guillaume de Lorris, n’a pas fait fortune dans Jean de Meung. […] L’érudition de Jean de Meung fit la fortune de son livre.

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