Quant à la question qui est le fond du livre de Saint-Bonnet, — de ce livre peut-être trop majestueux en sa longueur savante pour l’impatience des esprits de ce temps, laquelle est pour le moins égale à leur superficialité, — nous qui sommes catholique fidèle, nous n’avons pas à la discuter. […] C’est un génie clair comme le jour et, s’il est profond, c’est comme l’espace : on voit jusqu’au fond de sa profondeur, Seulement, il faut y regarder, et c’est — il faut le répéter sans cesse quand il s’agit de Saint-Bonnet, — ce qu’on n’a pas fait jusqu’ici. […] Au fond, il n’y en a qu’une : celle qui rattache l’homme aux lois ineffables de l’Être qui l’a constitué. » Et c’est de cette hauteur métaphysique qu’il s’élance, ce magnifique métaphysicien ! […] Il faut savoir le dire : Saint-Bonnet est, au fond, un mystique, et cela va peut-être, dégoûter de lui quelques imbéciles d’hommes d’esprit qui allaient lui trouver du talent !
Dans la pensée comme dans la vie, il eut le calme des grandes convictions, qui font le fond des plus grands génies. […] On ne regardera point comme une pure piété de famille, qui est souvent, en matière de livres, une superstition, la publication de ce vieux fond de tiroir, et on y trouvera du parfum. […] Par la forme comme par le fond, cet écrit est donc bien, celui-là aussi, authentiquement et intégralement l’œuvre du comte de Maistre. […] Déjà une première Correspondance, non de diplomatie, mais de famille, avait bien étonné les badauds en leur montrant que le fond du cœur, dans Joseph de Maistre, n’était pas entièrement plein de sang de tigre.
Il semble avoir, en Amérique, traversé sans la voir cette forêt éternelle, humide, froide, morne, sombre et muette, qui vous suit sur le haut des montagnes, descend avec vous au fond des vallées, et qui donne plus que l’océan lui-même l’idée de l’immensité de la nature et de la petitesse ridicule de l’homme. » Le fragment d’histoire, — deux chapitres qui ont pour objet d’analyser l’esprit public sur la fin du Directoire et à la veille du 18 brumaire —, est d’un historien de l’école de Polybe. […] Il est évident que cet éminent esprit n’a pas fait jusqu’alors comme le commun des martyrs qui lit les ouvrages intéressants au fur et à mesure de leur publication, et que depuis 1825 il n’a pas lu, comme tous les jeunes gens de sa génération, au hasard et à tort et à travers (c’est la bonne méthode), cette quantité de mémoires et de documents qui ont successivement paru ; sans quoi il aurait ses premières couches et son fond de tableau déjà préparé, il ne se poserait pas toutes ces questions· préliminaires, il ne dresserait pas avec tant de peine tous ses appareils comme pour une découverte. […] Cependant comme, même chez les peuples qui lisent le moins, ce sont après tout certaines idées, souvent même certaines idées très abstraites qui, au fond, finissent par mener la société, il peut toujours y avoir quelque utilité éloignée à répandre celles-ci dans l’air.