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541. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

M. de Chateaubriand, qui promenait son ennui à Londres pour délivrer les ministres de l’embarras de sa présence inquiète à Paris, le reçut comme un fils dans son ambassade ; heureux de reparler avec ce jeune et spirituel disciple de cet Orient qu’il avait visité quelques années plus tôt. […] Son fils, le roi actuel de Piémont, hérita de son ambition et de sa valeur comme soldat ; il fut le premier de ces princes qui préparèrent des armées et des alliances à la révolution radicale d’Italie, pour y renverser des papautés, des nationalités et des trônes, et qui posèrent ainsi la question indécise : Lesquels seront les dupes, après l’œuvre confuse, des rois ou des peuples ? […] Il fallait lui donner une compensation dans un poste diplomatique en chef ; il méritait qu’on lui en trouvât un : on créa ce poste auprès d’un prince de la maison de Bourbon d’Espagne, fils de la reine d’Étrurie, qui régnait alors à Lucques et qui devait, après Marie-Louise, régner à Parme. […] « — Ce fils d’Ali-Bey, interrompis-je, existait-il en effet ? […] L’existence de ce jeune fils peut servir de base aux réclamations qui auraient pour objet d’obtenir les manuscrits et les instruments, seul héritage de son père.”

542. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Comme nous nous dirigions de ce côté, Polémarque, fils de Céphale, nous aperçut de loin, et dit à son esclave de courir après nous et de nous prier de l’attendre. […] « Bientôt arrivent Polémarque avec Adimante, frère de Glaucon, Nicérate, fils de Nicias (général athénien qui périt au siège de Syracuse), et quelques autres qui se trouvaient là, revenant de la fête. « Nous nous rendîmes donc tous ensemble, ses deux frères Lysias et Euthydème, avec Thrasymarque de Chalcédoine, Charmantide du bourg de Péanée, et Clitophon, fils d’Aristonyme. […] Et, du jour où il a eu un fils, il a senti tripler en lui l’instinct sacré de l’appropriation, car, ce qu’il s’appropriait pour deux, il a fallu songer à se l’approprier pour trois ; et, quand la famille a multiplié encore par la fécondité de sa compagne, il a senti multiplier d’autant l’instinct, et, disons plus juste, le droit de son appropriation. Mais, quand il a vu naître des fils de ses fils, et que sa famille, en s’étendant à l’infini, lui a montré au-delà de lui la multitude indéfinie de sa génération future, son instinct de propriété s’est multiplié dans la même proportion, c’est-à-dire à l’infini en lui, et cela non plus pour le temps, c’est-à-dire pour une jouissance viagère, mais pour autant de temps que sa famille subsistera sur la terre, c’est-à-dire à perpétuité.

543. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Corneille lui-même se paye ici de mots ; car si don Sanche passe pour n’avoir point de naissance, il n’en est pas moins fils d’un roi ; la grandeur de son origine perce sous l’obscurité de sa condition présente. […] La compétition des deux pères pour les fonctions de gouverneur du fils du roi, les hauteurs du comte, la dignité du vieux don Diègue, l’intervention du roi entre Rodrigue et Chimène, le rôle de don Sanche, estimé, mais point aimé, que Chimène accepte pour champion, tout en désirant secrètement qu’il succombe ; tout cela, c’est la vie universelle et qui ne change pas. […] C’est le vieux don Diègue, qui pour se venger du soufflet du comte, pousse son fils à un duel où ce fils peut périr. […] C’est le vieil Horace apprenant que le dernier survivant de ses trois fils a pris la fuite, et prononçant le fameux Qu’il mourût ! C’est ce fils disant à Curiace, qui va devenir le mari de sa sœur : Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.

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