Dans l’intervalle des phrases de Duclos que j’ai rapprochées, celui-ci a eu soin d’introduire un brillant éloge d’Agnès Sorel et un mot sur Jeanne d’Arc, qu’il appelle d’ailleurs une généreuse fille ; mais Agnès Sorel a tous les honneurs : Ce fut la maîtresse pour qui Charles eut la plus forte passion et qui fut la plus digne de son attachement : sa beauté singulière la fit nommer la belle Agnès… Rare exemple pour celles qui jouissent de la même faveur, elle aima Charles uniquement pour lui-même, et n’eut jamais d’autre objet dans sa conduite que la gloire de son amant et le bonheur de l’État. […] Mais de la voir aux parvulo de Meudon, dans un fauteuil devant Monseigneur, en présence de tout ce qui y était admis, Mme la duchesse de Bourgogne et Mme la duchesse de Berry, qui y fut tôt introduite, chacune sur un tabouret, dire devant Monseigneur et tout cet intérieur : la duchesse de Bourgogne, la duchesse de Berry et le duc de Berry, en parlant d’eux ; répondre souvent sèchement aux deux filles de la maison, les reprendre, trouver à redire à leur ajustement, et quelquefois à leur air et à leur conduite, et le leur dire, on a peine à tout cela à ne pas reconnaître la belle-mère et la parité avec Mme de Maintenon, etc.
[NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.
Très heureusement pour Villon, il naquit vers ce temps-là une princesse qu’on croit être Marie d’Orléans, fille de Charles d’Orléans le poète : le prisonnier, pour qui l’appel n’était qu’un répit, saisit l’occasion aux cheveux, célébra l’illustre naissance et obtint sa grâce. […] Ainsi la seule pièce de Millevoye, La Chute des feuilles, a produit toute une postérité de mélancoliques et d’infirmes gémissants ; La Pauvre Fille de Soumet a eu aussi sa génération malingre et plaintive.