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418. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Intellectuellement, elle ressemblait à ces femmes d’un de ces embonpoints trop lâches, qui ont besoin de la cuirasse d’un corset pour être… intrépide et ne plus trembler. […] c’est là un écrivain, cette femme qui n’a pas même le don accordé aux moindres femmes, qui n’écrivent pas, de dire de toutes petites choses avec l’élégante légèreté qui enlève les riens et leur donne des ailes ? Cette femme, qui a écrit les pages de Lélia, dont quelques-unes ont de la splendeur, mais de la splendeur volontaire et laborieuse, écrit, dans ses lettres, où elle ne voit plus le public, comme la première venue qui aurait un langage bas et mauvais ton. […] Madame Sand, que littérairement on déshonore par cette correspondance, honteuse pour la femme la plus vulgairement littéraire, n’y est point du moins déshonorée d’une autre manière, et les tableaux qu’on y rêvait dans des perspectives imaginaires ne s’y trouvent pas. […] Vers la fin du volume, l’Écrivain, qui n’avait touché qu’un mot de ces deux succès : Indiana et Valentine, l’Écrivain envahit la femme qui se dérobe et le bas-bleu s’étend sur sa vie.

419. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Or cinq pensées, tombées de l’esprit d’un homme ou du sein d’une femme et nouées ensemble, c’est là un bouquet bien fragile, qui peut être vite écrasé et disparaître sous les mille pieds de l’animal aux têtes frivoles, comme dit La Fontaine. […] … Sera-t-il le Marivaux du dix-neuvième siècle, un Marivaux inespéré, avec la couleur que le dix-huitième siècle, qui ne mit du rouge qu’aux joues de ses femmes, ne connaissait pas, et que n’avait point Marivaux, dont les grâces étaient incolores, mais qui s’en vengeait par l’expression et le mouvement. […] Antoinette, elle, n’est qu’une femme du monde qui est restée parfaitement tranquille et heureuse dans l’immaculé manteau d’hermine de son écusson, tout le temps qu’elle a été jeune et belle, mais qui, précisément, le jour où sa beauté décline, sent l’amour monter dans son cœur. […] Deltuf a trouvé le moyen de raconter dans la langue exquise et contenue d’une femme, qui reste d’une noblesse parfaite et qui se guérit si tristement de sa folie en se moquant d’elle-même avec une si courageuse gaieté ! […] Mais on peut dire du moins qu’on a rarement touché d’une main plus délicate, plus femme et plus fée, à une situation plus commune, pour en tirer des effets tout à la fois plus amers et plus doux.

420. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Savez-vous que c’est redoutable encore plus que flatteur, d’avoir dans son domestique une femme comme Mlle Delaunay et un familier comme La Bruyère ? […] Il en a de très fines, et qui sont toujours vraies, sur les femmes. […] Comme il sent bien le mérite de certaines femmes, leur charme élevé, profond, quand elles joignent l’agrément à l’honnêteté ! […] Destailleur veut douter que tant d’éloges puissent s’adresser à une femme compromise : c’est n’apprécier qu’à demi la générosité de La Bruyère. […] Une anecdote, à la fin du chapitre des Femmes, et qu’a relevée avec raison M. 

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