Il n’y a jamais cherché la fortune, mais il y poursuivait une renommée pure, légitime : douce chimère qui nous fait oublier l’absence de la richesse, et berce, par l’espoir de n’être pas tout à fait oublié, les derniers ans de notre laborieuse existence ! […] Mais cet argent, qui doit contribuer à leur existence et à leur éclat, ne doit pas leur être donné gratuitement ; il faut, en payant le travail, le zèle et les talents des comédiens, que le gouvernement en retire un bénéfice au profit de l’instruction publique.
Comprendre ainsi la vie, quand on est des privilégiés du sort, accorder le moins possible aux opinions vaines, s’en remettre à l’impression vraie, à la lumière naturelle ; distribuer ce qui vous est donné en surcroît ; remplir sa part d’un rôle auguste, et mener une existence ornée, mais simple ; jouir des arts, des élégances, de la nature aussi et de l’amitié, ce n’est pas seulement avoir un beau lot, ce n’est pas seulement savoir être heureuse, c’est répandre le bonheur et cultiver l’affection autour de soi.
La poésie alors, orale, vivante, forme naturelle et souveraine, support et enveloppe de tout, de la science, de l’histoire, de la morale, du culte, tenait au fond même de l’existence d’une race, et enserrait, comme en un tissu merveilleux, mœurs, exploits, souvenirs, les dieux et les héros d’une nation.