On a dit (et ce n’est d’ailleurs qu’à moitié vrai) que le réalisme de la plupart de nos romanciers était dur, hautain, méprisant ; que rien n’égalait le soin avec lequel ils peignent les existences humbles ou médiocres, sinon leur dédain pour cette humilité, et qu’enfin ils n’aimaient pas les petites gens. […] Son existence aurait été, en dépit de quelques agitations de surface, harmonieuse et paisible. […] Il nous a montré, comme elle est dans son fond, l’existence monstrueuse des hommes et des femmes du monde qui ne sont que cela, des riches qui ne vivent que pour paraître, pour observer des rites de vanité qu’ils ne comprennent même pas — et pour jouir.
Dans la mêlée générale des existences, chacun tire à soi, vise à son but. […] Le problème n’est ni plus ni moins que ce problème redoutable : la démocratie deviendra-t-elle une réalité par l’existence d’un peuple vraiment libre qui élève ses propres besoins en élevant son intelligence et sa volonté ? […] Le Secolo de Milan, qui nous a débité en tranches l’œuvre de M. de Richebourg, nous a appris, pendant une série de jours et de mois, l’existence en Italie de crapules, traîtres, faussaires, escrocs et toutes sortes d’« Alphonse », dont le moindre défaut était qu’ils n’appartenaient à aucun pays et en tout cas n’avaient rien d’italien.
Qu’importent les bons hasards de la naissance, les douces habitudes de l’existence commune ? […] Il n’y a plus d’Europe, il n’y a plus de parties du monde : il n’y a plus que le monde, un grand tout composé d’innombrables individualités qui se coudoient sans même s’entrevoir, inquiètes, agitées, et chacune plus soucieuse des antipodes que des toutes voisines existences. […] Elle pleure depuis dix-huit siècles. — Les deux existences de Marie-Madeleine, c’est la vie ancienne et c’est la vie moderne, toutes les Vénus heureuses et rieuses et puis toutes les Madones douloureuses.