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711. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Il avait trop de naturel, ainsi que Sédaine ; il leur manquait l’esprit de Voltaire, qui, en ce genre, n’avait que de l’esprit. […] Ces pauvres gens, impuissants à créer, prétendent à l’esprit, et ils n’ont point d’esprit. […] Étonné qu’on eût si peu ri à ce chef-d’œuvre de Molière, j’ai fait part de mon observation à une société de gens d’esprit : ils m’ont dit que je me trompais. […] J’ai dit à mes gens d’esprit qu’on n’avait ri que cette seule fois aux Deux Gendres ; ils m’ont répondu que c’était une fort bonne comédie, et qui avait un grand mérite de composition. […] Si nous ne savions pas par cœur les textes mêmes de ces arrêts, sévères, nous tremblerions pour notre réputation d’hommes d’esprit.

712. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

« On se moquait à la cour, dit madame de Caylus, de ces sociétés de gens oisifs, uniquement occupés à développer un sentiment et à juger d’un ouvrage d’esprit. […] Elle avait de l’esprit infiniment, un esprit capable, instruit, extraordinaire en toute chose, il fallait une grande politesse pour être de sa cour ; car tout ce qu’il y avait d’honnêtes gens de tout sexe s’y rendait de tous côtés. […] La princesse Parthénie madame de Sablé) avait le goût aussi délicat que l’esprit ; rien n’égalait la magnificence des festins qu’elle faisait : tous les mets en étaient exquis, et sa propreté a été au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. […] C’était aussi un garçon d’esprit. […] Les supérieurs de la maison sont charmés de son esprit, elle les gouverne tous.

713. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Il y est un rieur d’esprit qui a pris l’histoire officielle, l’histoire majestueuse, par le bas bout, pour nous la montrer, comme il faut la voir, cul sur tête. […] Quelques esprits, sublimement intuitifs, comme de Maistre et Bonald, avaient bien vu synthétiquement ce qu’il en était de cette société païenne, de ces Grecs et de ces Romains tués par des sophistes, des rhéteurs et des grammairiens, leur maladie pédiculaire ! […] Je n’en ai connu qu’un seul qui eût la verve du rire et de l’esprit, c’était « Frou-Frou », obligé de ne plus être maintenant qu’un « Monsieur de l’Orchestre ». Eh bien, le reporter actuel et rétrospectif d’Athènes ou de Rome, est un esprit joyeux comme Hercule ! […] il faut que l’esprit de corporation soit bien fort pour exiger de pareilles choses d’une intelligence si ferme et si lucide, et qui se paie si peu de préjugés.

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