La poésie, comme toute chose de l’esprit, s’adresse à l’esprit, et doit lui offrir, sous sa forme et dans sa langue divines, des idées humaines et des sentiments humains. Disons mieux, elle s’adresse à l’homme tout entier et complet, c’est-à-dire pas plus aux hallucinés qu’aux esprits purs. […] L’esprit d’Aristophane inspirait Shakespeare, inspirait Legrand, lorsqu’ils composaient leurs délicates fantaisies. […] Cette humeur, tantôt didactique, tantôt satirique, est-ce là, je le demande, l’esprit de la comédie ? […] Le trésor enfoui est toujours présent à l’esprit du spectateur ; il est là, comme un mauvais génie, qui tourmente l’avare jusqu’à le rendre fou.
Je ne voudrais pas faire tressaillir ses mânes en citant les Schlegel ou tel autre nom d’outre-Rhin ; pour preuve que la méthode analytique, appliquée à la littérature des âges passés et maniée par de bons esprits ne donne pas nécessairement certains résultats invariables, et qu’elle est encore ce que chaque esprit la fait, je n’opposerai à M. […] Daunou était de ces derniers esprits ; arrêté de bonne heure quant aux idées, rédigé et fixé à un point qu’il jugeait celui de la perfection, il n’en sortait pas. […] C’était un esprit tout latin, exquis, acquis. […] Daunou ne faisait pas d’acception intime, de distinction radicale entre les esprits. […] De la part d’un esprit sérieusement convaincu et qui croyait fermement à de certaines vérités, cela est mieux.
Dans chaque siècle nous retrouverons le même antagonisme entre ceux qui veulent soumettre l’esprit aux sens et ceux qui reconnaissent la prépondérance de l’esprit. […] On a beaucoup vanté cet esprit gaulois. […] En effet, c’est un jeu futile d’esprit et de main. […] Peut-il avoir sa liberté d’esprit ? […] Ils manquent d’équilibre et d’esprit de suite.