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1206. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Camille Desmoulins a laissé un nom qui, de loin, excite l’intérêt : le souvenir de son dernier acte, de ces feuilles du Vieux Cordelier où il osa, le premier sous la Terreur et jusque-là presque terroriste lui-même, prononcer le mot de clémence, les colères qui excita chez les tyrans, l’immolation sanglante qui s’ensuivit, l’ont consacré dans l’histoire comme une espèce de martyr de l’humanité, et on ne se le représente volontiers que dans ce dernier mouvement de cœur et dans cette suprême attitude. […] Ces traits, semés dans mon Journal, sont comme des espèces d’estampes dont j’enrichis ma feuille périodique.

1207. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Voilà ce qu’observait Mlle de Launay, notre La Bruyère de céans ; et elle couronne ses Mémoires par un portrait de la duchesse du Maine, qu’il faudrait transcrire tout au long, tant il est complet et achevé, et tant elle y résume l’espèce entière dans la personne du plus curieux individu. […] Mais, en les considérant avec une sorte d’étonnement (car, sous cette forme plus ou moins royale, l’espèce va se perdant de jour en jour), sachons éviter notre écueil aussi et ne pas abonder dans notre orgueil ; sachons bien qu’avec eux il s’agit encore de nous-mêmes, que ce sont là les défauts que nous aurions demain, si nous n’étions pas contraints et avertis à tout moment par la résistance des choses.

1208. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

On a fort loué, dans cette correspondance de Condorcet avec Voltaire, quelques témoignages de véracité et de franchise, mais il y fallait remarquer aussi ces premiers indices d’un esprit dénigrant, et surtout l’espèce d’adresse avec laquelle Condorcet, très mécontent que Voltaire ait fait des vers pour Mme Necker, cherche à exciter l’illustre maître contre le financier genevois : « D’ailleurs, je ne puis rien espérer, lui écrit-il, d’un homme (M.  […] Le grand sophisme de Condorcet et son malheur, c’est de n’avoir pas senti en lui le cri du sens moral immédiat, et de s’être trop longtemps tenu pour absous de toutes les manœuvres de parti en vue du plus grand bonheur futur de l’espèce humaine.

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