Quoiqu’on ait peu de renseignements sur la nature des travaux qui remplirent avec le plus de suite ses loisirs de magistrat, on peut conjecturer sans trop d’erreur que les questions de philosophie religieuse l’occupaient dès lors beaucoup. […] C’est à la philosophie à éclairer l’espèce humaine et à bannir de dessus la terre les longues erreurs qui l’ont dominée. […] Bientôt vous ne les connaîtrez que pour les mépriser, ces dogmes absurdes, enfants de l’erreur et de la crainte : bientôt la religion des Socrate, des Marc-Aurèle, des Cicéron, sera la seule religion du monde…. […] « Il y a des jours où l’esprit s’éveille au matin, l’épée hors du fourreau, et voudrait tout saccager. » On est tenté parfois d’appliquer cette pensée à ce pur esprit, si aiguisé, si militant ; on se le représente, sentinelle comme perdue en cette lointaine Russie, s’éveillant le matin tout en flamme, en fureur de vérité, dans son cabinet solitaire, ne sachant où frapper d’abord, mais voulant tout saccager de ce qu’il croit l’erreur, tout reconquérir et venger comme avec le glaive de l’Archange. […] Quand il se trouva à Paris un moment, en 1817, sa montre ne marquait plus du tout la même heure que la France : était-ce à l’horloge des Tuileries qu’était toute l’erreur ?
Je veux citer celle-ci presque tout entière80 : « On dit qu’il s’endort. » — Caroline, Est-il vrai qu’à Fontainebleau Ce puissant maître de château, Devant qui l’Europe s’incline, Que lui-même, que l’Empereur, Parmi tous les soins de l’empire, Sache même que je respire, Et me flattez-vous d’une erreur ? […] La Marie Stuart de Brantôme, celle qui mourut sur l’échafaud et qui fit ses adieux à la France, était restée dans toutes les imaginations, victime intéressante, victime embellie : Coupable seulement des erreurs d’une femme, Vos fautes dans le ciel ne suivront pas votre âme ! […] Revue philosophique, littéraire et politique, an xiv. — François de Neufchâteau fut de ceux qui se méprirent : enchanté de voir le Pindare républicain louer l’Empereur comme les autres, il lui écrivit : « C’est votre meilleur ouvrage. » L’erreur se prolongea jusqu’à la mort même de Lebrun, et Chénier, le louant sur sa tombe de l’ode qu’il n’avait pas faite, disait : « Tant d’exploits qui, depuis dix ans, commandent l’admiration des peuples, ont ranimé sa vieillesse ; près d’expirer, sa voix harmonieuse encore n’est pas restée inférieure à des prodiges, les plus grands et les derniers qu’il ait chantés. » 79.
Je trouve ici dans les Girondins une approbation entachée de quelques erreurs de logique, consignées en axiomes dans la Déclaration des droits de l’homme à l’usage de la Convention. […] Il y a des actes humains tellement mêlés de faiblesse et de force, d’intention pure et de moyens coupables, d’erreur et de vérité, de meurtre et de martyre, qu’on ne peut les qualifier d’un seul mot, et qu’on ne sait s’il faut les appeler crime ou vertu. […] Ainsi que Brutus, son modèle et son erreur, il restera éternellement problématique aux yeux de la postérité.