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526. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Le matérialisme trop exclusif dans l’art peut être un signe d’impuissance, mais un idéalisme trop vague et trop conventionnel est pire qu’une impuissance : c’est un arrêt à moitié chemin, c’est une erreur de direction, un contresens, une véritable trahison à la beauté ! […] C’est donc tout à fait par erreur que l’idéalisme des mauvais écrivains classiques a fait consister le beau dans le petit nombre et la pauvreté des idées ou des images, dans la rigidité des lignes, dans la symétrie exagérée, dans l’altération de toutes les courbes et sinuosités de la nature. […] Il fallait qu’une telle épopée fût écrite : mais cette épopée ne doit pas se donner comme égale à la réalité, et, s’il ne faut pas placer le cœur de l’homme dans le cerveau, il n’est pas non plus scientifiquement exact de le localiser dans l’abdomen. « Le propre de la vérité, a dit Hugo, c’est de n’être jamais excessive. » Toutes les fois qu’on a réagi contre un abus, on est porté à tomber dans l’abus contraire ; c’est une nécessité de psychologie et même plus généralement de mécanique : on ne corrige une erreur que par une erreur de sens contraire. […] Là est la grande erreur des romantiques, et de Victor Hugo dans ses mauvais moments : ils ont cru que le mot qui frappe était tout, que le pittoresque était le fond même de l’art.

527. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Cette étude sera donc propre à montrer combien nous pouvons être dans l’erreur relativement à l’interprétation des phénomènes naturels, tant que la science ne nous en a pas appris la cause et dévoilé le mécanisme. […] Cependant, chez les animaux empoisonnés par le curare, nous aurions été dans l’erreur la plus complète, si de l’absence du mouvement nous avions conclu à l’absence de la sensibilité. […] Cependant la conception de Bichat, dégagée des erreurs presque inévitables à son époque, n’en reste pas moins une conception de génie sur laquelle s’est fondée la physiologie moderne. […] Quant à la lutte qu’ils ont supposée entre les forces ou les propriétés physiques et les forces ou les propriétés vitales, elle est l’expression d’une erreur profonde. […] C’est une erreur profonde de croire que dans les corps vivants nous ayons à nous préoccuper de l’essence même et du principe de la vie.

528. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Qu’est-ce donc qu’une telle vulgarisation, sinon celle de l’erreur ? […] Les intéressantes erreurs cartésiennes ont déjà une valeur presque purement historique. […] Une erreur accompagne le nom de La Fontaine dans les mémoires modernes. […] Non que son œuvre soit sans erreurs, — je veux dire concorde tout entière avec les croyances de notre heure, — mais ses erreurs ont de profondes racines dans les vérités relatives, dans les relations des vérités successives. […] L’impassibilité fut une vérité qui est une erreur, — la nécessité d’un instant.

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